Dossier "Referendum d'Initiative Partagée portant sur la privatisation du groupe 'Aéroports de Paris'"

Ce dossier, structuré en "onglets" ci-dessous, vous fournira l'essentiel des informations pour comprendre le mécanisme et les enjeux du RIP, vous informer sur les moyens d'action, consulter les articles du Clairon diffusés sur le sujet, les principaux documents relatifs à ce dispositif, ainsi que les liens les plus utiles vers les sites internet traitant de ce sujet.

Pour la première fois dans l'histoire de la Vème République, les citoyens français sont en mesure de déclencher un référendum, privilège qui était jusqu'alors réservé au Président de la République.

Rappelons brièvement que la privatisation du groupe "Aéroports de Paris", inscrite dans la loi PACTE votée au printemps 2019, est suspendue à une proposition de loi, déposée par 248 parlementaires. Cette proposition de loi peut déboucher sur un referendum permettant au peuple français dans son ensemble de décider si la gestion des aéroports relève ou non du service public. Si la réponse à ce referendum est OUI, cela aura pour effet de faire sortir cette privatisation de la loi PACTE. Mais, pour que ce referendum puisse avoir lieu, il est impératif que la proposition de loi soit soutenue par 10% de l'électorat, soit plus de 4 717 000 électeurs. La collecte de ces soutiens a débuté le 13 juin 2019 et doit se terminer le 12 mars 2020.

Soutenir cette première occurrence du Referendum d'Initiative PartagĂ©e est primordial, au-delĂ  de la seule question de la privatisation du groupe AĂ©roports de Paris. 

Au moment de la mise en ligne de cette page, le nombre de soutiens collectĂ©s auprès de l'Ă©lectorat est  trois fois infĂ©rieur Ă  ce qu'il devrait ĂŞtre et, si cette tendance venait Ă  se maintenir, le nombre total de soutiens collectĂ©s au 12 mars 2020 devrait se situer autour du quart des soutiens nĂ©cessaires. Autant dire que, si l'on souhaite que ce referendum soit organisĂ©, il convient de se rĂ©veiller très vite et de se mobiliser pour inverser cette tendance.

La Rédaction du Clairon de l'Atax - Novembre 2019

Cette section présente le contexte et les enjeux liés au Referendum d'Initiative Partagée portant sur le projet gouvernemental de privatisation du groupe "Aéroports de Paris". Sa lecture est importante pour bien saisir cette question dans toute son apparente complexité.

1 - Rappels historiques

  • le 22 mai 2019, l’AssemblĂ©e Nationale vote le texte final de la loi dite « PACTE » (relative Ă  la Croissance et Ă  la Transformation des Entreprises), qui comporte un volet prĂ©voyant la cession des actions dĂ©tenues par l’Etat dans le groupe « AĂ©roports de Paris », autrement dit la privatisation de ce groupe,
  • le 10 avril 2019, anticipant ce vote, 248 parlementaires (130 dĂ©putĂ©s et 118 sĂ©nateurs), opposĂ©s Ă  cette privatisation, dĂ©posent une proposition de loi « prĂ©sentĂ©e en application de l’article 11 de la Constitution » et « visant Ă  affirmer le caractère de service public national de l’exploitation des aĂ©rodromes de Paris« . L’argumentaire des signataires de cette proposition de loi se termine par cette phrase: « Il revient donc au peuple Français, par voie de rĂ©fĂ©rendum, de pouvoir affirmer ou non le caractère de service public national de l’exploitation des aĂ©rodromes de Paris ». Cette loi est dite « RIP ADP » (pour « Referendum d’Initiative PartagĂ©e sur la privatisation du groupe AĂ©roports de Paris »),
  • le 9 mai 2019, le Conseil Constitutionnel, dans sa dĂ©cision « 2019-1 RIP », dĂ©clare cette proposition de loi conforme Ă  la Constitution, ce qui permet de lancer le processus de collecte des soutiens et suspend de facto l’examen par le Parlement de cette proposition de loi, mais aussi, du mĂŞme coup, l’application des dispositions de la loi PACTE, relatives Ă  la privatisation du groupe « AĂ©roports de Paris »,
  • le 13 juin 2019, le processus de collecte des soutiens est lancĂ©, avec l’ouverture au public d’un site internet destinĂ© Ă  enregistrer les soutiens. La collecte de ces soutiens est prĂ©vue pour durer 9 mois (274 jours). Elle prendra fin le 12 mars 2020.

2 - Le Referendum d'Initiative Partagée : définition et enjeux

Un dispositif constitutionnel récent et encore mal connu

Selon la Constitution de la Vème RĂ©publique (article 11), un referendum consiste Ă  soumettre Ă  l’approbation du peuple français « tout projet de loi portant sur l’organisation des pouvoirs publics, sur des rĂ©formes relatives Ă  la politique Ă©conomique, sociale ou environnementale de la nation et aux services publics qui y concourent, ou tendant Ă  autoriser la ratification d’un traitĂ© qui, sans ĂŞtre contraire Ă  la Constitution, aurait des incidences sur le fonctionnement des institutions« . 

Jusqu’Ă  2008, seul le PrĂ©sident de la RĂ©publique avait le pouvoir de dĂ©clencher un referendum, sur proposition du gouvernement ou du Parlement (les deux assemblĂ©es rĂ©unies – SĂ©nat et AssemblĂ©e Nationale).

La loi constitutionnelle n° 2008-724 du 23 juillet 2008, dans son article 4, rĂ©vise l’article 11 de la Constitution en disposant que, dĂ©sormais, une proposition de loi peut ĂŞtre soumise Ă  referendum dès lors qu’elle est « initiĂ©e par un cinquième du parlement et soutenue par un dixième des Ă©lecteurs inscrits sur les listes Ă©lectorales« .

Voir ici le texte complet de l'article 11 révisé en 2008
Texte complet de l'article 11 de la Constitution
Ci-dessous, le texte de l’article 11 de la Constitution avec, en surlignĂ© gris, les modifications apportĂ©es par la rĂ©vision constitutionnelle de 2008.

ARTICLE 11

Le PrĂ©sident de la RĂ©publique, sur proposition du Gouvernement pendant la durĂ©e des sessions ou sur proposition conjointe des deux AssemblĂ©es, publiĂ©es au Journal Officiel, peut soumettre au rĂ©fĂ©rendum tout projet de loi portant sur l’organisation des pouvoirs publics, sur des rĂ©formes relatives Ă  la politique Ă©conomique, sociale ou environnementale de la nation et aux services publics qui y concourent, ou tendant Ă  autoriser la ratification d’un traitĂ© qui, sans ĂŞtre contraire Ă  la Constitution, aurait des incidences sur le fonctionnement des institutions.

Lorsque le rĂ©fĂ©rendum est organisĂ© sur proposition du Gouvernement, celui-ci fait, devant chaque assemblĂ©e, une dĂ©claration qui est suivie d’un dĂ©bat.

Un rĂ©fĂ©rendum portant sur un objet mentionnĂ© au premier alinĂ©a peut ĂŞtre organisĂ© Ă  l’initiative d’un cinquième des membres du Parlement, soutenue par un dixième des Ă©lecteurs inscrits sur les listes Ă©lectorales. Cette initiative prend la forme d’une proposition de loi et ne peut avoir pour objet l’abrogation d’une disposition lĂ©gislative promulguĂ©e depuis moins d’un an.

Les conditions de sa prĂ©sentation et celles dans lesquelles le Conseil constitutionnel contrĂ´le le respect des dispositions de l’alinĂ©a prĂ©cĂ©dent sont dĂ©terminĂ©es par une loi organique.

Si la proposition de loi n’a pas Ă©tĂ© examinĂ©e par les deux assemblĂ©es dans un dĂ©lai fixĂ© par la loi organique, le PrĂ©sident de la RĂ©publique la soumet au rĂ©fĂ©rendum.

Lorsque la proposition de loi n’est pas adoptĂ©e par le peuple français, aucune nouvelle proposition de rĂ©fĂ©rendum portant sur le mĂŞme sujet ne peut ĂŞtre prĂ©sentĂ©e avant l’expiration d’un dĂ©lai de deux ans suivant la date du scrutin.

Lorsque le rĂ©fĂ©rendum a conclu Ă  l’adoption du projet ou de la proposition de loi, le PrĂ©sident de la RĂ©publique promulgue la loi dans les quinze jours qui suivent la proclamation des rĂ©sultats de la consultation.

C’est ce dispositif constitutionnel qui est appelĂ© « Referendum d’Initiative PartagĂ©e », car son dĂ©clenchement est partagĂ© entre une partie du Parlement, qui l’initie au travers d’une proposition de loi, et une partie du corps Ă©lectoral qui soutient cette proposition de loi. VotĂ©e en 2008, sous la prĂ©sidence Sarkozy, cette rĂ©vision constitutionnelle n’a rĂ©ellement vu le jour, comme toute loi, que lorsque le prĂ©sident de la RĂ©publique en a publiĂ© le dĂ©cret d’application. Cette publication n’est intervenue qu’en 2015, sous la prĂ©sidence Hollande.

Pour l’Ă©lecteur, ce dispositif constitutionnel constitue une avancĂ©e, dans la mesure oĂą, conjointement avec une partie du Parlement, il peut dĂ©cider de l’organisation d’un referendum sur un sujet qu’il juge important. A l’heure oĂą de nombreux « gilets jaunes » demandent plus de pouvoir au peuple, notamment Ă  travers un RIC (Referendum d’Initiative Citoyenne), le RIP est une occasion Ă  saisir pour peser sur les dĂ©cisions du gouvernement.

Une avancée démocratique qui exige une union forte des parties prenantes, parlementaires comme citoyens

La première condition de validitĂ© d’un RIP est que la proposition de loi qui lui est associĂ©e soit dĂ©posĂ©e par un minimum de 1/5ème des parlementaires (dĂ©putĂ©s et sĂ©nateurs). Actuellement, cela reprĂ©sente 185 parlementaires, ce qui n’est pas exactement anecdotique. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, si 248 parlementaires ont pu se mettre d’accord pour dĂ©poser le RIP pour tenter d’Ă©viter la privatisation du groupe ADP, il n’en a pas Ă©tĂ© de mĂŞme pour celle de la Française des Jeux. C’est la raison pour laquelle la privatisation de FDJ a pu avoir lieu en novembre 2019.

Mais cette union des parlementaires n’est pas la seule condition pour que le referendum visĂ© puisse ĂŞtre organisĂ© : il faut encore que 10% des Ă©lecteurs soutiennent cette cette initiative parlementaire. On peut s’imaginer qu’il sera facile d’obtenir le soutien d’une part apparemment aussi rĂ©duite de l’Ă©lectorat. Mais c’est oublier un peu vite que cette part reprĂ©sente actuellement plus de 4,7 millions d’Ă©lecteurs. Et si l’on examine les rĂ©sultats de la collecte des soutiens après plus de la moitiĂ© du temps imparti Ă  cette collecte (900 000 soutiens sur 5 mois alors qu’il en reste moins de 4), on se rend compte que l’union des français, si facile Ă  Ă©tablir dans les sondages (75% se disent prĂŞts Ă  signer une pĂ©tition contre la privatisation d’ADP), n’apparaĂ®t pas aussi Ă©vidente dans la  rĂ©alitĂ©.

On peut affirmer que le RIP est un outil constitutionnel Ă  la disposition de l’Ă©lecteur, au mĂŞme titre que le droit de vote :

  • comme ce dernier, il exige le concours d’un ensemble d’Ă©lecteurs suffisamment nombreux pour peser sur les destinĂ©es du pays,
  • beaucoup plus que ce dernier, il permet Ă  l’Ă©lecteur de peser sur les choix politiques concrets d’un gouvernement.

ComplexitĂ© d’un dispositif qui comporte toujours un double enjeu

La complexitĂ© de ce dispositif tient au fait qu’il porte deux enjeux et pas un seul :

  • le premier enjeu est celui de l’organisation d’un referendum, privilège jusque lĂ  rĂ©servĂ© au PrĂ©sident de la RĂ©publique, et qui est dĂ©sormais Ă  portĂ©e de l’Ă©lecteur, aidĂ© en cela par les parlementaires Ă  qui revient l’initiative de dĂ©poser une proposition de loi rĂ©fĂ©rendaire.
  • le deuxième enjeu est l’objet portĂ© par la proposition de loi, ici la privatisation du groupe ADP.

Si l’on peut facilement comprendre que s’opposer Ă  la privatisation d’ADP ne concerne qu’une frange de l’Ă©lectorat, opposĂ©e Ă  la destruction des services publics, on peut tout aussi facilement considĂ©rer que le pouvoir de dĂ©clencher un referendum peut intĂ©resser beaucoup plus d’Ă©lecteurs.

Si l’on veut bien garder Ă  l’esprit qu’un referendum, c’est la possibilitĂ© de dire OUI ou NON Ă  une question posĂ©e, mĂŞme celui qui n’est pas opposĂ© Ă  la privatisation d’ADP peut trouver son intĂ©rĂŞt Ă  soutenir un RIP, Ă©tant donnĂ© que, en cas d’organisation d’un referendum, il lui sera possible de dire NON lĂ  oĂą d’autres diront OUI. Seuls ceux qui veulent Ă  tout prix Ă©viter l’Ă©chec de cette privatisation peuvent avoir intĂ©rĂŞt Ă  ce que ce RIP n’aboutisse pas.

Le premier RIP de l’histoire, un enjeu particulier

Pour que cette proposition de loi rĂ©fĂ©rendaire ait pu voir le jour, il a fallu que 248 parlementaires, de tous bords politiques, trouvent un terrain d’entente. Ce n’est pas rien et l’occasion d’un nouveau RIP, sous ce seul aspect, risque de se faire attendre longtemps. Si, en plus, ce premier RIP n’arrive pas Ă  recueillir le minimum de soutiens nĂ©cessaires de la part des Ă©lecteurs, cela pourrait dĂ©courager les parlementaires, qui seraient fondĂ©s Ă  se dire que, dĂ©cidĂ©ment, le peuple prĂ©fère ronchonner plutĂ´t que de se saisir des outils qui sont Ă  sa  portĂ©e.

De ce point de vue, l’enjeu prioritaire du RIP est d’ouvrir la possibilitĂ© du referendum. Pour cela, il est impĂ©ratif que la condition du soutien de 10% de l’Ă©lectorat soit remplie. Sinon, il ne sera mĂŞme pas question de dĂ©battre de la privatisation ou non du groupe ADP (« AĂ©roports de Paris »). La question de cette privatisation deviendra prioritaire dès lors que les conditions pour organiser un referendum auront Ă©tĂ© rĂ©unies.

Soutenir ce RIP, c’est aussi encourager les parlementaires, au travers d’autres RIP, sur d’autres sujets, Ă  s’allier entre eux et avec les Ă©lecteurs pour peser ensemble sur les choix gouvernementaux.

Une publicitĂ© quasi inexistante autour d’un dispositif nouveau, aussi important que le droit de vote

Qu’il s’agisse de la presse Ă©crite, de la radio ou de la tĂ©lĂ©vision, très peu d’informations ont Ă©tĂ© diffusĂ©es sur ce tournant majeur pour notre dĂ©mocratie. A l’exception de quelques articles et sĂ©quences radio ou tĂ©lĂ©visĂ©es au dĂ©but de la collecte des soutiens, on peut affirmer que l’ensemble de la presse ne se prĂ©cipite pas pour rappeler aux Ă©lecteurs l’importance du RIP et les pousser Ă  le soutenir. Encore faut-il se rappeler qu’Ă  l’Ă©poque, le message rĂ©current soulignait essentiellement la difficultĂ© Ă  apporter son soutien, du fait d’une plate-forme de collecte jugĂ©e dĂ©faillante, ce qui n’Ă©tait pas particulièrement  propre Ă  inciter le citoyen Ă  s’intĂ©resser Ă  ce dispositif. 

Cet silence assourdissant des mĂ©dia est probablement l’une des causes majeures de la faiblesse des soutiens obtenus Ă  ce jour.

3 - Le groupe 'AĂ©roports de Paris -  Rappels et enjeux de la privatisation

Que représente le groupe « Aéroports de Paris » ?

AĂ©roport de Paris (ADP) est une entreprise française, fondĂ©e par l’État français en 1945. Elle restera un Ă©tablissement public (dĂ©tenu Ă  100 % par l’État Français) jusqu’en 2005, date Ă  laquelle sera dĂ©cidĂ©e son introduction en bourse, qui interviendra l’annĂ©e suivante, l’État restant  jusqu’Ă  aujourd’hui l’actionnaire majoritaire (50,6 % du capital, soit plus de 50 millions d’actions sur les 99 millions qui composent ce capital – chiffres au 31/12/2018).

Cela signifie clairement que, durant 60 ans, les imposants travaux menĂ©s par cette entreprise ont Ă©tĂ© soutenus avec de l’argent public, en particulier:

  • la construction et les extensions de l’aĂ©roport d’Orly,
  • la reconstruction de l’aĂ©roport du Bourget,
  • la construction et les extensions de l’aĂ©roport Roissy-Charles de Gaulle,
  • etc.

Loin de se limiter Ă  la construction, l’amĂ©nagement et l’exploitation des trois grands aĂ©roports dĂ©jĂ  mentionnĂ©s, le groupe ADP gère onze autres aĂ©roports ouverts Ă  la circulation aĂ©rienne civile en ĂŽle de France. Il est de plus très prĂ©sent Ă  l’international, oĂą il gère une vingtaine d’aĂ©roports rĂ©partis dans 8 pays et dĂ©tient des parts allant de 10 % Ă  45 % dans des entreprises de gestion aĂ©roportuaires de 9 pays.

On le voit, ADP n’est pas exactement ce que l’on pourrait appeler un groupe anecdotique. C’est, de plus, un groupe qui se porte bien, comme en attestent les chiffres de ses rĂ©sultats sur les onze dernières annĂ©es : entre 2008 et 2018, son chiffre d’affaires a progressĂ© de 177 % et son rĂ©sultat net de 223 %.

(source Wikipedia)

Dans la mĂŞme pĂ©riode, le cours en bourse de l’action a plus que triplĂ© (plus prĂ©cisĂ©ment, il a Ă©tĂ© multipliĂ© par 3,4), passant de 48,39 â‚¬ au 31/12/2008 Ă  165 â‚¬ au 31/12/2018. Ainsi, au titre de l’exercice 2018 d’ADP, l’État a perçu un dividende d’environ 173 millions â‚¬ (3,46 â‚¬ par action – source AĂ©roports de Paris) et, au 31/12/2018, les parts de l’État dans le groupe reprĂ©sentent une valeur supĂ©rieure Ă  8 milliards â‚¬.

Au passage, il n’est peut-ĂŞtre pas très rassurant de constater que, sur une mĂŞme pĂ©riode, le dividende d’une entreprise augmente plus que le rĂ©sultat net et que ce dernier augmente plus que le chiffre d’affaires. Peut-on y voir rĂ©ellement le signe d’une bonne santĂ© de l’entreprise, ou celui d’une spoliation consciencieuse (voire compulsive) des fameux « fruits de la croissance » au profit des seuls actionnaires ? Il est en effet douteux que l’investissement ou les salaires aient progressĂ© dans la mĂŞme proportion sur la mĂŞme pĂ©riode.

Les enjeux de la privatisation

En cours de rĂ©daction…

4 - Quelques contre-sens à éviter

Dans des situations complexes, on est toujours tentĂ© de recourir Ă  des simplifications, au prĂ©texte que le commun des mortels ne prise pas la complexitĂ©. Parfois, de telles simplifications amènent le citoyen Ă  agir Ă  l’encontre de ses propres intĂ©rĂŞts, du fait d’une comprĂ©hension inexacte des questions posĂ©es et des enjeux qu’elles portent. C’est pourquoi, au risque de paraĂ®tre « barbants », nous avons pris le parti de dĂ©tailler, dans cette section, certains Ă©lĂ©ments de la complexitĂ© inhĂ©rente aux tenants et aboutissants de cette proposition de loi et de son impact sur le citoyen et la sociĂ©tĂ©.

Sur le Referendum d’Initiative PartagĂ©e (RIP)

  • Le referendum n’est pas acquis, il est Ă  conquĂ©rir : certaines personnes, rencontrĂ©es lors de sĂ©ances d’information ou de signature, ont affirmĂ© qu’elles pensaient que le referendum aurait lieu en mars 2020, du seul fait que la proposition de loi dite « RIP ADP » avait Ă©tĂ© dĂ©posĂ©e et dĂ©clarĂ©e recevable par le Conseil Constitutionnel. De ce fait, ces personnes ne voyaient pas la nĂ©cessitĂ© d’apporter leur soutien au RIP ADP. Le dĂ©ficit Ă©vident et criant d’information par les principaux media, en favorisant un tel contre-sens, contribue grandement Ă  la faiblesse actuelle du nombre de soutiens.
  • Si le referendum a lieu, on ne votera pas exactement pour ou contre la privatisation du groupe ADP : en effet, la proposition de loi dite RIP ADP vise Ă  « affirmer le caractère de service public national de l’exploitation des aĂ©rodromes de Paris« . C’est sur cette question exclusivement que portera le referendum. Et si la rĂ©ponse du peuple français Ă  cette question est OUI, alors la privatisation du groupe ADP devra ĂŞtre retirĂ©e de la loi PACTE, car il ne s’agirait plus de privatiser une entreprise publique (comme l’Ă©taient Renault ou le CrĂ©dit Lyonnais dans le passĂ©) mais un service public tel que la santĂ©, la sĂ©curitĂ© sociale, l’Ă©ducation, la justice, etc.

Sur le soutien au RIP

  • Soutenir un RIP n’est pas voter : sur certaines affiches militant pour le soutien au RIP ADP, on a pu voir ce slogan « Contre la privatisation des AĂ©roports de Paris, je vote ». On ne le rappellera jamais assez, le vote aura lieu lors du referendum. Or, celui-ci n’aura lieu que si la proposition de loi dite RIP ADP recueille le soutien d’un minimum de 4 717 396 Ă©lecteurs, soit 10% du corps Ă©lectoral. Pour l’instant, l’enjeu est de recueillir un maximum de soutiens pour arriver Ă  ce minimum, faute de quoi, il ne sera jamais question de voter sur la privatisation du groupe ADP.
    Ajoutons que l’on peut soutenir le RIP indĂ©pendamment de sa propre position vis-Ă -vis de cette privatisation. S’il est Ă©vident que ceux qui sont favorables Ă  cette privatisation n’ont aucun intĂ©rĂŞt Ă  soutenir ce RIP, ce n’est peut-ĂŞtre pas un si bon calcul de ne pas le soutenir. Pourquoi ? Parce que si ce RIP n’aboutit pas faute d’un nombre suffisant de soutiens, les chances sont très faibles qu’un autre RIP, portant sur une autre loi, voie jamais le jour.
  • Soutenir un RIP n’est pas signer une pĂ©tition: une pĂ©tition est un Ă©crit adressĂ©, en gĂ©nĂ©ral, aux pouvoirs publics et exprime un vĹ“u que le destinataire n’a aucune obligation de satisfaire. Cela peut ĂŞtre considĂ©rĂ© comme un moyen de faire pression sur le destinataire. Le soutien au RIP est une partie essentielle du dispositif et constitue une condition sine qua non de sa mise en Ĺ“uvre. En cela, il s’apparente de très près Ă  une obligation citoyenne, au mĂŞme titre que le fait de voter Ă  une Ă©lection. De ce fait, l’absence flagrante de mĂ©diatisation du RIP ADP peut ĂŞtre considĂ©rĂ©e comme une regrettable anomalie dans la vie de notre dĂ©mocratie.

Sur le groupe ADP

  • la privatisation prĂ©vue dans la loi PACTE ne porte pas, comme on a pu le lire ici ou lĂ , sur un aĂ©roport, comme celui de Toulouse ou de Nice, mais sur un groupe entier, dont l’État dĂ©tient plus de 50% du capital, et qui gère 14 aĂ©roports en rĂ©gion parisienne, 20 dans le monde, et participe au capital de sociĂ©tĂ©s aĂ©roportuaires dans neuf pays.
    De ce point de vue, et contrairement Ă  ce que certains ont voulu croire, il ne s’agit pas d’une affaire parisienne qui, en tant que telle, ne revĂŞtirait que peu d’intĂ©rĂŞt pour le reste des français. Étant donnĂ© le dividende que l’État perçoit chaque annĂ©e au titre de sa participation dans ce groupe (environ 173 millions € pour l’exercice 2018), cette question concerne tous les français, car le manque Ă  gagner qu’entraĂ®nerait une privatisation pour les recettes de l’État concerne tous les contribuables, ainsi que les bĂ©nĂ©ficiaires des services publics de l’État.
  • le groupe ADP est une entreprise publique, pas un service public. A ce titre, il est lĂ©gal que sa privatisation figure dans la loi PACTE. Cependant, certains estiment que la gestion et l’exploitation des aĂ©roports de Paris relève du service public et c’est pour cette raison qu’ils ont dĂ©posĂ© la proposition de loi dite RIP ADP. Si les conditions sont remplies pour qu’un referendum soit organisĂ©, c’est le peuple français qui dĂ©cidera, ou non, que le groupe ADP remplit une mission de service public.

Agir pour le RIP est une cause citoyenne qui ne rĂ©pond Ă  aucune idĂ©ologie particulière. Il suffit d'ĂŞtre convaincu de l'importance que revĂŞt le fait  de jouer son rĂ´le de citoyen dans la sociĂ©tĂ© et de l'intĂ©rĂŞt qu'il y a Ă  peser sur les choix du gouvernement.

1 - Pourquoi agir pour le RIP ?

Comme nous l’avons indiquĂ© prĂ©cĂ©demment (cf. « les contre-sens Ă  Ă©viter »), agir pour le RIP vise avant tout Ă  montrer au pouvoir que le peuple est capable de se saisir d’un outil qui lui a Ă©tĂ© donnĂ© par la Constitution pour peser sur les dĂ©cisions du Gouvernement et du Parlement. Dans la mesure oĂą il faut l’union de 10% de l’Ă©lectorat pour faire aboutir une proposition de loi, cette union revĂŞt la mĂŞme importance dĂ©mocratique qu’une Ă©lection.

A ce premier stade, peu importe l’objet de la proposition de loi qui est prĂ©sentĂ©e, puisque son contenu sera soumis au rĂ©fĂ©rendum de l’ensemble du peuple français. En revanche, si le nombre de soutiens n’atteint pas les 10% de l’Ă©lectorat, la proposition de loi, quel qu’en soit l’objet, ira tout simplement Ă  la poubelle.

Ce n’est qu’une fois ce soutien obtenu qu’il s’agira de dĂ©battre sur l’objet mĂŞme de la proposition de loi. Dans le cas prĂ©sent, le dĂ©bat portera alors sur le fait de voter pour ou contre la reconnaissance de l’exploitation des aĂ©rodromes de Paris comme service public. Mais, ultĂ©rieurement, d’autres RIP pourront ĂŞtre dĂ©posĂ©s sur d’autres sujets touchant Ă  la vie publique.

Il faut bien comprendre que, si ce premier RIP Ă©choue, il est hautement probable qu’aucun autre RIP ne pourra voir le jour. En effet, il est dĂ©jĂ  difficile de trouver 1/5ème du Parlement pour initier la dĂ©marche. Cela a Ă©tĂ© possible pour la question de la privatisation du groupe AĂ©roports de Paris et c’est tant mieux. Mais pour d’autres sujets, tels que la privatisation de la Française des Jeux, il n’a pas Ă©tĂ© possible de trouver les 185 dĂ©putĂ©s et sĂ©nateurs nĂ©cessaires pour initier un RIP. C’est pourquoi cette entreprise publique, jusqu’alors dĂ©tenue Ă  dĂ©tenue Ă  100% par l’État, est entrĂ©e en bourse dans le courant du mois de novembre 2019. On ne sait pas assez l’importance que revĂŞtaient ses gains pour le financement de l’action publique (notamment dans le soutien au sport de haut niveau).

Enfin, que penser d’un peuple qui ne cesse de dĂ©plorer le peu de moyens qu’il a de peser sur les dĂ©cisions publiques et qui ne trouverait pas 10% de ses Ă©lecteurs prĂŞts Ă  soutenir l’organisation d’un rĂ©fĂ©rendum sur un sujet qu’il juge par ailleurs crucial ?

De nombreux sondages ont Ă©tĂ© effectuĂ©s dans la population  au sujet de la privatisation d’ADP. Selon l’un d’entre eux, près de 75% des Ă©lecteurs français sont contre. Selon un autre, 75% des français se disent prĂŞts Ă  signer une pĂ©tition contre cette privatisation. Comment pourrait-on alors expliquer qu’il s’est trouvĂ© moins de 10% de ces mĂŞmes Ă©lecteurs pour soutenir le RIP ? Pourtant, au 10 novembre 2019, après 5 mois de collecte, le nombre de soutiens effectifs au RIP plafonne Ă  1,89% alors qu’il devrait ĂŞtre au moins Ă  5,6%.

2 - Comment agir pour le RIP ?

Dès lors que l’on est convaincu de l’importance de ce dispositif constitutionnel, l’action pour le RIP peut prendre plusieurs formes : le soutien au RIP, le partage avec des proches, l’action de groupe dans des lieux publics, en vue d’informer sur le  RIP et d’aider au dĂ©pĂ´t du soutien.

  • dĂ©poser son soutien au RIP. C’est une action individuelle, pas si compliquĂ©e que certains ont bien voulu le faire croire. Elle consiste, pour tout Ă©lecteur, Ă  dĂ©clarer que l’on souhaite que la proposition de loi concernĂ©e soit effectivement soumise Ă  rĂ©fĂ©rendum. Vous trouverez ci-dessous le tutoriel officiel pour vous aider Ă  remplir votre soutien, Ă  en vĂ©rifier la prise en compte et Ă  dĂ©poser une rĂ©clamation le cas Ă©chĂ©ant.
    N’oubliez pas que des indications sont aussi disponibles tout au long de la saisie.La procĂ©dure de soutien appelle quelques remarques importantes :
    • dĂ©poser son soutien, c’est bien, mais il est capital de vĂ©rifier, dans les 5 Ă  7 jours suivant le dĂ©pĂ´t, que ce soutien a effectivement Ă©tĂ© confirmĂ©. Il est tout Ă  fait possible que votre soutien n’ait pu ĂŞtre confirmĂ©, le plus souvent pour cause de mauvaise manipulation pendant la procĂ©dure de dĂ©pĂ´t. Si votre soutien n’est pas confirmĂ©, vous pouvez introduire une rĂ©clamation Ă  l’aide du rĂ©cĂ©pissĂ© reçu en fin de procĂ©dure de saisie,
    • concernant la procĂ©dure de soutien:
      • avant de commencer,
        • il peut ĂŞtre utile de consulter la vidĂ©o « tutoriel »élaborĂ©e par le ministère de l’intĂ©rieur (voir ci-dessous), 
        • il faut se munir d’une pièce d’identitĂ© (carte d’identitĂ© ou passeport), ainsi que de sa carte d’Ă©lecteur,
      • l’adresse internet pour le dĂ©pĂ´t de soutien est : https://www.referendum.interieur.gouv.fr/soutien/etape-1
      • pendant la procĂ©dure,
        • lorsque vous devez indiquer un nom de commune, il faut avoir saisi le dĂ©partement au prĂ©alable.
          De plus, il est hasardeux de saisir le nom de commune dans sa totalité. Il est hautement préférable de saisir les premières lettres de la commune et ensuite de faire un choix dans la liste déroulante proposée,
        • pour les femmes mariĂ©es, le nom Ă  saisir est le nom de jeune fille et non le nom d’Ă©pouse.
        • si, en fin de procĂ©dure, vous n’avez pas accès Ă  votre rĂ©cĂ©pissĂ© tĂ©lĂ©chargeable, c’est que la procĂ©dure n’est pas allĂ©e Ă  son terme.
  • promouvoir le RIP auprès de ses proches ou dans le cadre d’un groupe (collectif dĂ©clarĂ© ou association informelle) n’est pas si simple. De notre point de vue, les points importants Ă  garder Ă  l’esprit sont:
    • l’objectif premier est de collecter le plus de soutiens possibles pour dĂ©boucher sur l’organisation du referendum,
    • la hiĂ©rarchie des enjeux: d’abord le RIP lui-mĂŞme, indĂ©pendamment de son objet, ensuite seulement la question de la privatisation. De ce point de vue, durant la pĂ©riode de collecte, il est capital est de mettre en avant le RIP lui-mĂŞme, plus que la question de la privatisation d’ADP, qui sera dĂ©battue si le nombre de soutiens est suffisant pour organiser un referendum. Comme nous l’avons dĂ©jĂ  indiquĂ© par ailleurs, si ce RIP n’obtient pas le nombre suffisant de soutiens, il y a de fortes probabilitĂ©s que ce dispositif, qui donne un rĂ©el pouvoir aux citoyens, finisse dans les poubelles de l’Histoire, 
    • Ă©viter les contre-sens Ă©voquĂ©s au point 4 de notre onglet « PrĂ©sentation » sur cette mĂŞme page,
    • ne pas se prĂ©valoir d’une quelconque organisation politique, syndicale ou associative : rĂ©prĂ©tons-le ici, le RIP est, comme le droit de vote, une disposition constitutionnelle qui concerne tous les citoyens, quelles que soient leurs opinions. Le fait de mentionner une quelconque organisation n’est pas utile pourrait avoir un effet nĂ©faste  de repoussoir.
  • aider au dĂ©pĂ´t du soutien: vous pouvez pratiquer cette assistance de deux manières:
    • directement devant un ordinateur, avec la personne intĂ©ressĂ©e,
    • en recueillant les informations nĂ©cessaires auprĂ©s de la personne concernĂ©e, Ă  l’aide du formulaire Cerfa n° 15264*02 (voir l’onglet « Documents » sur cette mĂŞme page) pour effectuer vous mĂŞme le dĂ©pĂ´t de soutien au nom de cette personne. Dans ce deuxième cas, les points importants sont:
      • avant le dĂ©pĂ´t de soutien:
        • faire signer le formulaire CERFA rempli par la personne au nom de laquelle vous effectuerez le dĂ©pĂ´t de soutien,
        • ne pas oublier d’obtenir l’adresse courriel de la personne, afin de pouvoir communiquer avec elle par la suite,
      • après le dĂ©pĂ´t de soutien:
        • conserver le rĂ©cĂ©pissĂ© de la personne, afin de pouvoir vĂ©rifier une semaine plus tard la bonne prise en compte du dĂ©pĂ´t de soutien, Ă  l’aide du numĂ©ro de rĂ©cĂ©pissĂ©,
        • penser Ă  lui transmettre une copie du rĂ©cĂ©pissĂ© par courriel,
      • après la vĂ©rification (une semaine plus tard)
        • transmettre le rĂ©sultat de cette vĂ©rification Ă  la personne pour le compte de laquelle vous avez dĂ©posĂ© le soutien.

 

Dans cette section, vous trouverez les articles parus dans le Clairon sur le sujet du Référendum contre la Privatisation du Groupe Aéroports de Paris.
Les articles sont présentés dans l'ordre chronologique croissant de parution.

Privatisation des Aéroports de Paris - Échec annoncé du RIP ou occasion d'une mobilisation inédite ?

Privatisation des AĂ©roports de Paris – Échec annoncĂ© du RIP ou occasion d’une mobilisation inĂ©dite ?

Après des débuts prometteurs qui, malheureusement, n'ont pas duré plus d'une vingtaine de jours, le nombre de soutiens au Referendum d'Initiative Partagée, visant à éviter la privatisation du groupe Aéroports de Paris, est aujourd'hui très nettement inférieur à ce qu'il devrait être. La moyenne quotidienne des soutiens obtenus décroît de façon désespérante depuis maintenant trois mois, laissant augurer d'un échec. Quelles sont les causes de cette situation, quels sont les moyens pour inverser la tendance et qu'est-ce qui est en jeu ? ... Lire la suite

 

Documents officiels:

 

 

 

Cette section vous propose les principaux liens liés au sujet du referendum. Elle n'est bien évidemment pas exhaustive.
N'hésitez pas à nous signaler d'autres liens qui vous paraissent dignes d'intérêt.

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