Circulations douces / schéma national des Véloroutes : un progrès à confirmer !

Le schéma national des Véloroutes pour 2020 a été arrêté le 22 janvier dernier. Il organise le réseau de grands itinéraires cyclables sur le territoire national. La région Occitanie y fait figure de mauvais élève.

Image par OpenClipart-Vectors de Pixabay

 

Le schéma national des Véloroutes pour 2020 a été arrêté le 22 janvier dernier. Il organise le réseau de grands itinéraires cyclables sur le territoire national. Le maillage s’appuie sur dix itinéraires européens et 26 itinéraires nationaux. Le schéma recense aujourd’hui 17 515 km ouverts. Ce document, introduit par la loi d’orientation des mobilités (LOM) promulguée le 24/12/2019, est actualisé tous les dix ans. Il consacre l’ouverture de 2000 km supplémentaires et la nécessité d’une accélération pour mettre en service les 25 408 km que le réseau national doit compter d’ici 2030.

La région Occitanie y fait figure de mauvais élève. Seul 40 % du réseau projeté est ouvert. Elle abrite même le seul département de France traversé par une véloroute européenne où aucune portion n’en a été recensée comme ouverte : l’Aude. On peut gloser sur les difficultés rencontrées…nulle part ailleurs ! Cela ne saurait masquer un défaut d’investissement financier et politique dans les infrastructures d’avenir. Peut être la publication de ce schéma marquera t’elle les esprits de l’exécutif régional et permettra de compléter le réseau.

Cet objectif, dont nous ne nous rapprochons pas vraiment, ne sera qu’une étape. L’ambition affichée est que le maillage soit à terme constitué essentiellement de voies dédiées aux circulations douces. Aujourd’hui, une partie conséquente de ce réseau emprunte encore des routes supposées tranquilles. En agglomération, les itinéraires serpentent souvent entre des zones 30, des couloirs de bus, voir des bandes cyclables. Les points noirs pour la circulation cycliste comme les carrefours ou les ponts ne sont pas toujours traités de façon satisfaisante.

En France, le choix a été fait de privilégier le caractère touristique et pittoresque des itinéraires. Le cahier des charges des véloroutes et des voies vertes prévoit qu’elles suivent, par exemple, les chemins de service des voies navigables ou les voies ferrées désaffectées. Par exemple, la véloroute européenne n°8 longe le canal du Midi d’Agde à Sallèles d’Aude où elle suit la voie ferrée de Bize-Minervois avant de rejoindre le canal de la Robine jusqu’à Port-la-Nouvelle. Le cadre naturel est époustouflant et le patrimoine architectural et humain est d’une richesse rare. L’écoulement des canaux est une ode au temps qui passe et leur tracé parfois sinueux le long des lignes de niveau permet d’en profiter encore plus longuement. Il nous reste à bâtir des services aptes à répondre aux besoins de cette clientèle, et les vacances seront parfaites.

Mais la flânerie ne s’accommode qu’épisodiquement avec les impératifs du quotidien. Et si certains ont pu imaginer que l’avenir de la bicyclette se réduirait aux escapades touristiques, l’extension de son utilisation se révèle en mesure d’améliorer notre qualité de vie. Que ce soit pour le collégien se rendant en classe, ou pour des déplacements domicile-travail, le report modal pour des trajets de quelques kilomètres n’est envisageable que si l’infrastructure est adaptée à cet usage. Les revêtements rugueux et les parcours sinueux ont leurs vertus. Mais ce n’est pas ce qui est attendu pour une infrastructure utilitaire. Ce qui est attendu est d’ailleurs précisé dans ce même cahier des charges comme définition des véloroutes et voies vertes. Il expose que, d’une ville à l’autre, elles doivent être dans la mesure du possible, directes, plates et sécurisées.

Aujourd’hui, les itinéraires directs et plats ne prévoient pas ou rarement des espaces pour les cyclistes. Ils doivent s’y insérer dans un flot de véhicules plus rapides et plus volumineux en se mettant en danger. La réponse du Conseil National pour la Sécurité Routière (CNSR) s’est limitée jusqu’ici à proposer d’y renforcer la répression envers les cyclistes. Monsieur Alain PEREA, député de la 2ème circonscription de l’Aude, en rejoignant cette instance le 9 février dernier, a dénoncé cette approche. Il s’est proposé d’œuvrer à améliorer la qualité des aménagements routiers pour renforcer la sécurité des deux roues. C’est un revirement louable, quand on se rappelle qu’il y a peu il proposait d’interdire la pratique du vélo en période de chasse pour ces mêmes raisons de sécurité. Son action sera scrutée avec intérêt.

Il y a un tournant à prendre dans la conception des voiries que gèrent aujourd’hui les collectivités locales et les départements. Le réseau de voies cyclables doit se densifier et monter en gamme partout. L’existence de ce schéma national à vocation clairement touristique, ne doit pas masquer cet impératif. Il faut cesser de penser exclusivement aux automobiles. Nous devons aussi investir dans les routes pour la transition écologique.

Laurent Fabas pour le Clairon de l’Atax le 18/02/2021

 

Pour en savoir plus :

Liens :

association vélo & territoires : https://www.velo-territoires.org
association Vélocité Narbonne : https://velocitenarbonne.wordpress.com/
association Carca’vélo : https://www.carcassonne.org/association/carcavelo
carte schéma national des véloroutes : https://on3v.veremes.net/vmap/?mode_id=vmap&map_id=31&token=publictoken

 

 

 

 

 

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