Un héros

France / Iran – 2h07 – 2021

Un film de Asghar Farhadi avec Amir Jadidi, Mohsen Tanabandeh, Rana Azadivar, Sahar Goldust. Grand Prix du Jury ex aequo avec “Compartiment n°6 ” au Festival de Cannes 2021.

 

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Analyse systémique de la société iranienne

Prenez un homme gentil, réservé, qui a le sens de l’honneur, prenez un objet convoité (par exemple un sac rempli de 17 pièces d’or), prenez un lieu où se trouve pêle–mêle le rebut de la société et les malchanceux ( par exemple une prison), prenez une société au code extrêmement rigide fondé sur l’honneur, le respect de la parole donnée, l’insignifiance de la femme et puis ajoutez le Mikado, (ce jeu avec des baguettes effilées que l’on laisse tomber de façon enchevêtrée et que l’on doit retirer une à une sans faire bouger les autres) et vous obtiendrez  “Un héros “, film subtil où tous les coups sont permis pour peu qu’ils fassent bouger les autres.

Rahim est en prison pour dettes, il profite d’une permission pour essayer de convaincre son créancier de retirer sa plainte contre le versement d’une partie de la somme que sa compagne a trouvé dans un sac près d’un arrêt de bus. Mais rien ne se passe comme prévu.

Asghar Farhadi nous offre un tricotage d’événements qui s’enchevêtrent de manière savante et qui prennent très vite la consistance d’un cauchemar éveillé. Rahim est un homme discret sur qui le sort s’est acharné, il a fait faillite, il a des dettes qu’il ne peut pas rembourser et il a un ennemi juré. Le hasard malin lui joue des tours et met sous ses yeux une solution à son malheur, solution que son honneur refuse et ce sera le début de son déshonneur.

Ou comment un homme déjà au fond du trou peut tomber plus bas encore !

Le metteur en scène iranien rassemble dans ce film toutes les marques de la société iranienne, le code d’honneur, le respect de la famille, la situation de la femme, la religion, et il y rajoute l’Hydre de Lerne moderne à savoir les réseaux sociaux très présents en Iran. Ceux-ci font et défont une réputation en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Cette démonstration est magistrale.

Tout le monde va y chercher et y trouver son intérêt et Rahim qui voulait rester anonyme en paiera les frais. Rude leçon qui devrait nous faire réfléchir sur les abus de cette Hydre de Lerne moderne et tout-puissante.

Bravo Monsieur Farhadi !

Patricia Renaud pour le Clairon de l’Atax le 08/01/2022

 

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