La femme de Tchaïkovski (жена Чайковского)

Russie, France, Suisse – 2h23 – 2022

Un film de Kirill Serebrennikov avec Odin Lund Biron, Alyona Mikhailova, Filipp Avdeyev.

piano romantique (Image par cadop de Pixabay)

“2h20 de pur bonheur “**

Dans la Russie du 19e siècle, Antonina Miliukova séduit puis épouse Tchaïkovski qui est déjà bien connu de la société russe. Malheureusement, il est plus intéressé par les garçons que par les filles. Antonina va s’entêter dans cet amour jusqu’à la folie.

Dès le début du film, nous sommes dans l’atmosphère feutrée des salons russes, où l’on parle français et où l’on devise élégamment. Tout est clair, le soleil entre à flots par les grandes fenêtres et inonde de lumière ces dames vêtues de charmantes robes blanches ou crème. Nous sommes pratiquement dans le théâtre de Tchekov.

On parle, on rit, on flirte et Tchaîkovski tient déjà une place d’importance. Antonina écrit des lettres enflammées au compositeur, comme elle l’a fait aux banquiers ou aux généraux, car Antonina est érotomane. Elle va aller ainsi jusqu’à sa perte. Tchaïkovski accepte ce mariage de façade attiré aussi par la dot que lui fait miroiter sa future femme. Et ce sont deux victimes qui vont aller tranquillement vers leur destin.

Antonina va s’entêter dans cet amour désespéré mêlant à la fois le déni et la volonté d’être “la femme de Tchaïkovski “, ce statut auquel, pour rien au monde, elle ne voudra renoncer. Elle subira les pressions des frères du compositeur qui essaient de la convaincre de divorcer. Tchaïkovski va la fuir, l’accusant de l’enfermer dans cet amour exclusif et de tuer sa créativité au point de le mettre dans un état proche de la dépression. Il la hait, lui dit-il, ne veut plus la voir ni même entendre parler d’elle.

Ce sera alors la lente descente aux enfers d’Antonina, se perdant dans une relation toxique avec son avocat dont elle aura des enfants placés à l’orphelinat. Tout au long de cette descente, la lumière s’éteint, ce sont des flambeaux, des bougies dans un univers grisâtre et de plus en plus sombre.

Serebrennikov filme avec brio cet enfer, sa lumière est fascinante, nous côtoyons la Cour des Miracles, ces hommes et ces femmes misérables, cet univers pourri symbolisé par une éternelle mouche qui importune les protagonistes.

Du grand cinéma !

Patricia Renaud pour le Clairon de l’Atax le 08/03/2023

 

**Il faut me pardonner, je suis une inconditionnelle de Serebrennikov !

 

 

 

 

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