Ligne mixte à grande vitesse et bassins de rétention

 

TGV-Paris Frankfort (Image par Erich Westendarp de Pixabay)

Le débat public sur la ligne nouvelle Montpellier Perpignan a mis en scène un nouveau report de la réalisation du chainon manquant languedocien des axes ferroviaires à grande vitesse européens. Celui-ci se réduira bientôt à la centaine de kilomètres qui séparent Perpignan de Béziers. Ce tronçon gardera donc encore quelques années le privilège discutable d’être celui que parcourra le plus lentement un voyageur allant de Séville à Berlin.

Mais battre des records de vitesse est bien loin des préoccupations locales. Cette infrastructure porte l’espoir d’un renouveau économique et d’une alternative aux autoroutes surchargées de camions. Hélas cette alternative là pourrait bien s’être envolée : la partie reportée de la ligne de chemin de fer entre Perpignan et Béziers ne sera pas mixte. Elle n’accueillera pas de transport de marchandises. Le fret ferroviaire avec l’Espagne restera cantonné à l’ancienne ligne. La raison évoquée est le relief escarpé des Corbières qui rendrait une telle réalisation trop couteuse alors que la ligne classique n’est pas saturée. Un esprit taquin noterait que le fait que les marchandises transitent plutôt par l’autoroute que par la ligne classique ne prouve en aucun cas l’absence de besoin d’une meilleure infrastructure. Un voyageur remarquerait lui que si cet argument géographique a quelque valeur de Perpignan à Narbonne, le relief entre l’embranchement ferroviaire prévu à l’ouest de Narbonne et celui à l’est de Béziers est presque désespérément plat.
Le motif de fond est autre : l’ouverture aux marchandises de cette portion imposerait la réalisation de bassins de rétention dont la réalisation serait complexe. La ligne nouvelle traverserait en effet les plaines littorales de l’Aude et de l’Orb sujettes à de fréquentes inondations. Les convois de produits dangereux continueront donc à longer le Canal du Midi à Béziers, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, et à passer en plein cœur de Narbonne. Les lignes anciennes sont en effet dispensées de ce type d’ouvrage de sécurité. Et c’est bien ici que réside l’aspect le plus inadmissible de ce choix d’exclure le fret de la ligne nouvelle. La protection accrue des milieux naturels classés du Parc Naturel Régional de la Narbonnaise, que pourrait apporter la mixité du tronçon Narbonne-Perpignan serait un gain net qui a manifestement été oublié dans les calculs de rentabilité financière. La protection accrue des populations que pourrait apporter la mixité du tronçon Béziers-Narbonne serait un gain net qui a manifestement, lui aussi, été oublié dans les calculs de rentabilité financière. A Narbonne, le centre ville est chaque jour sous la menace d’une évacuation si un wagon d’acide fluorhydrique, ou autre substance, se couche dans la gare de triage.

Ici il n’est plus question seulement de contester des prévisions de trafic international conservatrices. Il est question d’exiger la sécurité pour les personnes et pour l’environnement partout dans la République. La Ligne Nouvelle Montpellier-Perpignan doit être mixte sur tout son trajet.

Laurent Fabas pour le Clairon de l’Atax le ……

 

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