Pesticides : des ventes en baisse ?

Une tendance positive mais insuffisante si elle ne s’accentue pas pour atteindre l’objectif 2030 de réduction de 50% de pesticides en moins.

L’objectif de réduire l’emploi de pesticides de 50% à  l’horizon 2030 a été adoptée en 2020 par la Commission européenne dans le cadre de la stratégie dite « De la ferme à la table » qui vise à mettre en place un système alimentaire juste, sain et respectueux de l’environnement. Cette stratégie qui concrétise le souci des instances européennes de promouvoir des politiques en faveur de la biodiversité et de « ramener la nature dans nos vies », vise à mobiliser les agriculteurs, les entreprises et les consommateurs afin qu’ils modifient leurs pratiques actuelles.

Selon un état des lieux réalisé à partir des données de la Banque nationale des ventes et publié le 17 mars 2022 par le ministère de la Transition écologique (1): «Au cours de la décennie 2010, les ventes de produits phytopharmaceutiques sont restées à des niveaux élevés. Parmi celles-ci, les ventes de substances actives n’entrant pas dans les usages de l’agriculture biologique ou dans le cadre du bio contrôle ont toutefois diminué (- 10 % entre 2009-2011 et 2018-2020). Il en est de même pour les ventes de molécules classées comme les plus préoccupantes. La part des quantités de substances actives classées cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques (CMR) est ainsi passée de 28 % à 12 % entre 2009 et 2020. 44 % des substances vendues sont des herbicides.»

(Cet état des lieux recense les substances actives contenues dans les produits phytosanitaires mais ne prend pas en compte les adjuvants)

Source : BNV-D – © Traitements : OFB, SDES, 2022.

Ces achats de pesticides varient en quantité  selon les territoires. Compte tenu de la surface agricole utile ils sont plus importants dans les zones de grandes cultures  (par ex céréales) ou de cultures permanentes (par ex vignobles).  

La consommation de substances actives, non autoriser en bio et bio contrôle, varie entre 50.000 et 60.000 tonnes / an de 2009 à 2017. On constate une pointe des achats en 2018 à hauteur de 62 824 tonnes liée à la constitution de stocks de précaution face aux mesures gouvernementales de taxation plus lourde relative aux pollutions diffuses. Ces stocks sont utilisés en 2019 et font baisser les achats à 35 707 tonnes /an. Avec 43 913 tonnes en 2020 la consommation semble confirmer une tendance à la baisse amorcée en 2017.

Baisse en 10 ans des achats de substances concernant des molécules classées CMR tandis que les substances autorisées en bio contrôle et / ou en agriculture biologique augmentent de 10 169 tonnes en 2010 à 21 956 tonnes en 2020.

Les achats des molécules les plus dangereuses classées Cancérogènes, Mutagènes et Reprotoxiques (CMR) on baissé de moitié en 10 ans avec un peu moins de 10.000 tonnes elles ne représentent plus en 2020 que 12,2% des ventes totales contre 28,4%  en 2014.
Mais le glyphosate se taille encore la part du lion dans les ventes de pesticides : le glyphosate classé par le CIRC cancérogène probable pour les humains et reconnu toxique pour les organismes aquatiques  est après le souffre  la 2ème substance active la plus vendue en France avec 8600 tonnes en 2020 il représente 12% du total des ventes de phytopharmaceutiques vendus entre 2018 et 2020.

Une tendance positive mais insuffisante si elle ne s’accentue pas pour atteindre l’objectif 2030 de réduction de 50% de pesticides en moins.

Louise B. Velpeau pour le Clairon de l’Atax le 20/02/2022

 

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Notes
  1. https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/etat-des-lieux-des-ventes-et-des-achats-de-produits-phytopharmaceutiques-en-france-en-2020[]
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