Bienvenue au nouveau Marché de l’Art de Narbonne

Le samedi 15 avril 2023, sur la place du Forum de Narbonne, a été inauguré le Marché de l'Art, évènement original à plus d'un titre. Conçu pour démocratiser l'accès à l'art, il proposera chaque mois à des artistes différents d'aller à la rencontre du public et proposera non seulement l'exposition/vente des œuvres, mais aussi de nombreux ateliers et interventions destinés à mieux faire connaître le travail des artistes.

Tableau de Vincenzo Galati – Photo JC

Beaucoup considèrent l’Art comme un  monde à part, un monde fermé ou inaccessible, réservé à quelques privilégiés. Privilégiés par la culture et par l’éducation, qui seules permettraient d’apprécier une œuvre d’art, d’en comprendre les contenus, d’en déchiffrer les intentions, d’en juger la qualité, de distinguer un chef-d’œuvre d’une “croûte”, etc. Privilégiés par l’argent, qui permettrait non seulement d’acquérir des œuvres plus ou moins coûteuses, mais aussi de disposer de tout le temps nécessaire pour courir musées et galeries à la recherche de perles rares.
Ainsi, un plafond de verre séparerait le commun des mortels, définitifs béotiens, de cette classe d’initiés, parlant le même langage, détenteurs des mêmes codes et se satisfaisant d’un entre-soi éclairé.

Une telle perception du monde de l’Art n’incite certainement pas à la fréquentation des galeries pour qui n’est pas initié. Pour autant, il a bien dû se trouver des situations où le néophyte hésitant et maladroit s’est heurté à des attitudes condescendantes, voire méprisantes. Le rejet de l’un par l’autre engendrant un rejet réciproque, les mondes restent alors clos sur eux-mêmes. La victime majeure d’un tel état est l’art lui-même, progressivement étouffé par un appauvrissement de la confrontation avec des sensibilités nouvelles, différentes. Comment pourrait-il alors se renouveler et éviter de glisser de l’expression vivante à une répétition mortifère ?

Œuvres de Saad Marra – Photo JC

Cette distinction de classes ne semble pas réservée au seul public de l’expression artis­tique, mais peut toucher aussi les artistes eux-mêmes. Lorsque sont im­pi­toya­blement séparés ceux qui sont connus, reconnus et cotés de ceux qui ne le sont pas ou, comme dirait l’autre, ” qui ne sont rien “, comment favoriser le re­nou­vel­le­ment de l’expression artistique si seuls les artistes reconnus ont voix au chapitre ?

A notre point de vue, ce que l’on appelle ART pourrait être considéré, non comme la seule œuvre de l’artiste, mais bien plutôt comme la rencontre entre deux sensibilités : celle de l’artiste et celle de la personne qui contemple l’œuvre, qui jouit de l’œuvre.

Point n’est besoin d’avoir quelque référence culturelle que ce soit, de faire partie d’un monde particulier ou de “montrer patte blanche” pour être “habilité” à apprécier une œuvre d’art. Il faut en revanche un peu de curiosité, de disponibilité et d’ouverture d’esprit pour accepter de se laisser guider par sa sensibilité, face à ce qui nous est proposé. De ce point de vue, l’art est un peu comme le poème du poète : “le poème du poète c’est pour dire tout cela et mille et mille et mille autres choses. Pas besoin de comprendre” (1).

C’est ainsi que nous avons interprété l’initiative de Marie-Charlotte Simon, galeriste à Narbonne, au travers de l’association “Autour de l’Art”. Son projet est de “démocratiser l’art” en créant un “Marché de l’Art” qui se tiendra tous les mois place du Forum, et dont la première édition a eu lieu le samedi 15 avril 2023. L’idée consiste à faire sortir les œuvres des galeries et des ateliers pour les amener, à l’air libre, au plus près d’un public différent et pas nécessairement familier de la fréquentation des œuvres d’art.

Le peintre Denis Carrière entouré de ses œuvres – Photo JC

Mais cette idée ne s’arrête pas là et s’enrichit grandement par plusieurs aspects : tout d’abord, cette manifestation rassemble exclusivement des artistes, connus et moins connus, et donne une place importante aux artistes locaux.

De plus, les artistes sont présents sur place, ce qui leur permet d’échanger avec le public, alors que c’est plus rarement le cas pour les galeries, à l’exception des vernissages.

Enfin, le Marché de l’Art ne se réduit pas à la seule exposition/vente des œuvres, loin de là. Il comporte également plusieurs ateliers, animés par les artistes eux-mêmes (art comestible, photographie, photo-montage, etc.), un plateau-radio, des séances de réalisation d’œuvres sur place par certains artistes, ainsi que la présentation de certaines des techniques employées pour réaliser les œuvres.

Toutes les formes d’art seront représentées au fil des éditions successives de Marché de l’Art : peinture, sculpture, dessin, photographie, céramique, ainsi que tous les styles : art abstrait, art figuratif, art singulier, art urbain…

Les dimensions de la place du Forum sont telles que peu d’artistes peuvent s’y trouver en même temps. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, c’est une chance, car les prochaines éditions pourront proposer d’autres artistes et ainsi renouveler l’intérêt du public pour cette manifestation.

Cette première édition du 15 avril 2023 a remporté un incontestable succès, rassemblant toute la journée un public nombreux autour des artistes et nous ne pouvons que souhaiter longue vie à une manifestation aussi intelligente, généreuse et vivante. Les prochaines éditions du Marché de l’Art auront lieu les samedis 13 mai et 10 juin 2023.

Retrouvez tous les détails dans le dossier de presse, en cliquant sur ce lien.
Vous pouvez aussi vous rendre sur la page Instagram de l’association Autour de l’Art et sur sa page Facebook.

Œuvres d’Azba86, art urbain – Photo JC

 

Jean Cordier, pour le Clairon de l’Atax, le 23 avril 2023

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Notes
  1. Alain Bosquet – “La trompe de l’éléphant”[]
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1 commentaire

Galati Vincenzo

Merci jean pour ce belle article et votre compréhension

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