Ceux qui travaillent

Suisse/Belgique – 1h42 – 2018

Un film d’Antoine Russbach avec Olivier Gourmet, Adèle Bochatay, Louka Minella.

 

Ce film fait partie d’une trilogie sur le mode médiéval : le tiers état ( “Ceux qui travaillent”), la noblesse ( “Ceux qui combattent”) et le clergé (“Ceux qui prient”). Cela met en évidence la difficulté de trouver sa place aujourd’hui.  Les personnages répondent à des questions fondamentales : qui nous nourrit ?, qui nous défend ?,  qui prend soin de nos âmes ?. “Ceux qui travaillent” répond au premier questionnement. Extraits d’un entretien avec Antoine Russbach.

Frank est un bourreau de travail, premier levé et dernier couché, il accorde au travail une fonction primordiale, fidèle à ce que lui a appris son père, rude paysan.
Il travaille dans une grande compagnie de fret maritime comme cadre supérieur, brutalement il doit réagir dans une situation de crise. La décision qu’il va prendre lui coûtera son poste. Le voilà face à une situation qu’il ne sait pas gérer, le chômage. Père de cinq enfants qu’il a élevés en ne les privant de rien mais qu’il a privés d’affection et de présence sauf la petite dernière qui semble être sa préférée, mari bourru d’une épouse qui a géré la famille, Frank va essayer de faire face à cette situation inédite sans beaucoup d’imagination.

Cet homme, désagréable, ours, mufle, cette brute de travail, peu communicant voire taiseux fait tout ce qu’il peut pour nous apparaître le plus désagréable possible, on ne l’aime pas certes mais on ne peut pas  le détester. Pris dans un système qui broie ses salariés, il se débat comme il peut et il peut nous apparaître presque sympathique quand il décrit son enfance qui l’a façonné comme il est, quand il répond au questionnement d’une employé de Pôle Emploi Cadres qui tente de définir sa personnalité.  Un rôle à la mesure de Olivier Gourmet qui excelle dans ce jeu et qui a endossé la peau de Frank avec maestria.

Pactiser avec le diable permet de garder les avantages et le confort social si durement acquis mais cela suffit-il pour être heureux ? Telle sera la dernière scène du film qui laisse un goût amer et une dernière question en suspens  : Sommes-nous devenus des monstres ?

Patricia Renaud pour le Clairon de l’atax le 05/10/2019

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