Narbonne / Capitoul : un an après le scandale prend forme

De la colline éventrée surgit un ensemble de bâtisses là où une forêt de pins bruissait aux quatre vents. Visible de loin cette plaie marque désormais les contreforts de la Clape.

 

A gauche le château du Capitoul et ses bâtiments annexes,à droite le chantier d’immobilier de luxe (photo D. Picard)

De la colline éventrée surgit un ensemble de bâtisses là où une forêt de pins bruissait aux quatre vents. Visible de loin cette plaie marque désormais les contreforts de la Clape.
Ici se réalise, en dépit du bon sens mais avec l’assentiment des “autorités”, un vaste projet d’immobilier de “luxe” comprenant : «un hôtel de 44 lits dont 8 suites, une piscine, des spas, un restaurant gastronomique, une brasserie (390 couverts / jour en pleine saison), un ensemble de 46 résidences privées, dont 20 avec piscine privative, des terrains de tennis, des parkings, etc. ».

Bel exemple de « challenge » pour un promoteur dynamique comme on les rêve dans les écoles de commerce et chez les groupies du “développement à n’importe quel prix” : le terrain convoité était protégé par toutes sortes de restrictions. Pour réussir le coup, il fallait obtenir toute une série de dérogations aux mesures de protection de la faune et de la flore et modifier le contenu de deux documents locaux d’urbanisme : le PLU et le SCOT. Une broutille pour un promoteur expérimenté. !  
Tout d’abord, il s’agit d’invoquer l’argument économique habituel qui permettra de faire passer ce projet d’immobilier de luxe pour un  projet d’intérêt général : – ça allait créer des emplois et ça aurait des retombées positives sur l’économie locale-. De quoi justifier les décisions des autorités locales et étatiques qui donneraient immanquablement leur feu vert. Et puis, ne fallait-il pas un contrepoint haut de gamme à ce tourisme populaire généré par la mission Racine ?
Ensuite il faut fignoler la classique étude d’impact, réalisée par un bureau d’études rémunéré par le promoteur du projet, qui explique que l’impact sur l’environnement  sera négligeable, y compris pour les 1,42  hectares de pinède “défrichée” sur une emprise de 2,68 ha occupée par le « hameau résidentiel de 6000 m² de surface plancher habitable » et que les mesures de compensation seront respectées à la lettre…(voir étude d’impact : http://www.aude.gouv.fr/IMG/pdf/etude-impact_capitoul_1.pdf.pdf )
Enfin il fallait passer par une consultation publique règlementaire qui allait permettre de confirmer que le projet d’œnotourisme de luxe relevait de l’intérêt général. Astucieusement organisée entre le 7 février et le 9 mars 2018 c’est-à-dire majoritairement  pendant les vacances scolaires d’hiver, elle a permis à l’association  de défense de l’environnement RUBRESUS d’argumenter son avis défavorable dans un dossier bien étayé (1). Mais compte tenu des modalités d’organisation de cette consultation, où la participation du public fût faible (si ce n’est la prépondérance  d’avis favorables émanant d’acteurs économiques locaux ), le commissaire enquêteur rendit finalement un avis favorable au projet d’œnotourisme de luxe-d’intérêt général…

C’est ainsi qu’après quelques autres péripéties administratives négligeables, l’Etat bienveillant octroya par un arrêté préfectoral du 5 octobre 2018 (2) les dérogations nécessaires à la mise en route du chantier : le saccage allait pouvoir commencer !

Photo D.Vexenat (image traitée)

Un projet d’une telle ampleur, outre le saccage de la végétation existante et l’artificialisation des sols, a et aura de nombreuses répercussions sur l’environnement, parmi lesquelles : la consommation d’eau (cf. les 21 piscines prévues), l’impact de l’assainissement des eaux usées, des pollutions diverses, la consommation d’énergie, l’érosion des sols, l’impact du bâti, de la fréquentation et des véhicules sur la faune et la flore.
En outre, le projet prévoit une occupation maximale des résidences privées, imposant par contrat aux propriétaires acquéreurs de confier leur location à une agence dédiée pendant les périodes d’inoccupation.

Cette réalisation écocide,  contraire aux objectifs du Plan Climat, figure actuellement dans le projet de révision du SCOT de la Narbonnaise à côté du projet aberrant d’extension du port de la Nouvelle. Tous deux sont présentés comme des opportunités majeures pour le développement de ce territoire ! Il faut croire que nos “responsables” n’ont aucune conscience de l’urgence climatique…

Hubert Reys pour le Clairon de l’Atax le 14/11/2019

 

Liens avec articles du Clairon sur le projet Capitoul :
https://le-clairon-nouveau.fr/wordpress/blog/2018/02/23/narbonne-un-important-projet-de-lotissement-de-luxe-conteste-par-rubresus/

https://le-clairon-nouveau.fr/wordpress/blog/2018/03/23/projet-du-capitoul-rubresus-emet-un-avis-defavorable-a-la-demande-de-defrichement/

 

 

 

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Notes
  1. lien dossier RUBRESUS : https://le-clairon-nouveau.fr/wordpress/wp-content/uploads/2018/02/Contribution-Rubresus-EP-CapitoulVF.pdf[]
  2. http://www.occitanie.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/20181005apdepcapitoulnarbonnecorpsetanx.pdf []
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14 commentaires

Bonjour je suis écoeurée bouleversé traumatisé par ce programme immobilier hors des projets eco eonotouristique nos élus ont été nuls ou bien intéressé notre région est très belle la bousillé ainsi n amènera pas un tourisme vert rien de bon pour nos enfants que du bling bling rien de plus a Gruissan il y a le même programme immobilier a la Sagne sur 43 hectares eco béton Bio on nous prend pour des pigeons c est une dernière zone agricole humide favorable a la création de jardin familiaux et d espaces agricoles favorisant les circuits courts marechage fermage ovins vignes ou jardin public pour tous afin de rassembler les touristes dans un circuit sécurisé un vrai parc animalier forestier sans risques d incendie avec des projets de plantations excusé moi de mon amour pour Gruissan salutations distinguées

Le scandale n’est pas que dans le fait que ce truc soit là où il est.
D’abord, il y a l’œnotourisme. Belle idée que de faire découvrir nos terroirs à des amateurs. Par définition, c’est un tourisme d’itinérance, de cave en cave. L’hébergement n’est pas lié à un lieu précis et ce peut être n’importe quoi, du camping classique au 5 étoiles, en passant par le camping car. Le choix est fonction de la bourse.
Ici, on fait une vulgaire opération immobilière au nom de cette belle idée. Quelle soit de luxe ou non, n’a rien à voir avec la question, ce n’est qu’une vulgaire opération immobilière où le paysage est privatisé.
L’autre scandale est celui de la manière dont ont été obtenues les autorisations. La procédure employée est celle de la déclaration de projet qui ne peut être validée que dans le cadre d’un projet présentant un caractère d’intérêt public. Croyez-moi, les services de l’état sont très stricts sur cet aspect des choses et vérifient à la loupe la conformité à l’article L 300-6 du code de l’urbanisme et sa jurisprudence. Du moins, lorsqu’il s’agit d’une petite commune. N’accablez surtout pas les agents de l’état mais lorsque on est maire d’une ville comme N…. On peut aller sonner à la porte du représentant de l’état dans le département et lui dire : ce truc, il me le faut, vous comprenez, l’emploi… Vous connaissez l’air et les paroles !

Bonjour je ne suis vraiment pas d’accord avec vous ce projet qui es formidable et respecte une grande partie de tout ce que vous dites .Ce promoteur comme vous le dites fais des choses que beaucoup n’aurais pas fait à sa place il fait travailler bon nombre d’entreprises de la région et en plus il fait de son projet le premier projet à circuit court !!!! Il à prit comme initiative extraordinaire de réintégré la pierre extraite du site en le faisant transformé en pavés, couvertines, margelles et autres par notre société SAS PIERRES & CO Tailleurs de pierres à Narbonne pour ensuite les reposer sur le même site.
Du jamais vu ! Et ce n’est pas une question de argent car il aurait pu faire comme les autres ! Mettre du goudron ! Merci de ne pas y voir que le mauvais .

Encore un élément pour le #MoulyGate ! Vivement le mois de mars.

C’est bien ce que je pensais : AUCUN NOM DES RESPONSABLES LOCAUX !!!! A, oui, l’Etat (?) Le préfet (?)… mais le permis de construire…, il est bien délivré PAR QUELQU’UN, NON ???? Sur quel territoire et quelle commune se trouve cette horreur ???

le permis de construire a été délivré par le maire de Narbonne puisque le site se trouve sur le territoire de la commune et les dérogations nécessaires ont été accordées par les services de l’Etat.

LES “POLITIQUES” NE SONT PLUS A LA HAUTEUR DE LEUR METIER. LES RESPONSABLES DE CETTE HIDEUSE REALISATION IMMOBILIERE AU BEAU MILIEU D’UNE NATURE MAGNIFIQUE ET FRAGILE, TEMOIGNENT DE PEU D’INTELLIGENCE. NE PARLE-T-ON PAS DE PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT DEPUIS QUELQUES ANNEES ? DES LOIS EXISTENT POUR LES UNS ET PIETINEES PAR LES AUTRES. PAR QUELS MOYENS ? ON PEUT LE DEVINER ET C’EST SCANDALEUX.

Quelle honte , qui profite de ce complexe ??????

Heureusement que le conservatoire du littoral surveille de près les petits exploitants !!!b Eux n’ont que a la fermer . Mais pour le fric que ne ferai t on pas!!!! Proprement honteux. Digne de notre belle république bananiers!!!

PAUVRE FRANCE !!! Les politiques traditionnels ne sont pas a la hauteur de leur responsabilité car ils ont bien approuvé ce projet qui semble complétement déplacé vu le site qu’on aurait du préserver

c est scandaleux et tres laid

Nous habitons littéralement en face de cette monstruausité et j’ ai envie de pleurer tous les jours ?

Cf mon commentaire publié sur facebook

Scandaleux !!!!!!! L’argent, l’argent, toujours l’argent, au détriment de la nature !!!!!!!!!!!!!

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