Un divan à Tunis

Tunisie/France – 1h28 – 2019

Un film de Manele Labidi avec Golshifteh Farahani, Majd Mastoura, Hichem Yacoubi.

Drôle, tendre et rafraîchissant !

Selma, 35ans, psychanalyste de son état qui a vécu pratiquement toute sa vie à Paris, ouvre son cabinet dans la banlieue de Tunis. Ses patients sont le petit peuple tunisien qui ne sait plus très bien où il en est après la révolution de jasmin. Après des débuts un peu chaotiques, car il est difficile pour Selma d’expliquer sa pratique en termes simples, chacun trouve sa place. Cela serait pour le mieux dans le meilleur des mondes s’il n’y avait l’administration et l’exigence d’une autorisation pour travailler. Et alors, tout se gâte !

Qu’on ne s’y trompe pas, le sujet même s’il est drôle  ne masque pas la réalité de la période post révolutionnaire de la Tunisie. La population ne trouve plus ses repères entre le traditionalisme et l’envie de progresser vers la démocratie et l’évolution des mœurs. Labidi campe ses personnages avec humour mais aussi avec tendresse, elle les regarde à travers les yeux de Selma avec bienveillance et empathie.

 

Et c’est vrai qu’ils sont tous attachants : le policier qui tient à rappeler que dans son pays il y a des lois et que le bakchich est dépassé, Baya l’esthéticienne qui a tout pour être heureuse mais qui a toujours une irrépressible envie de vomir, l’imam rejeté par ses collègues et qui veut se marquer “pour être comme eux”, le petit boulanger qui ne s’y retrouve pas dans sa masculinité et qui n’assume pas sa féminité, bref toute une palette représentative de la société tunisienne qui se cherche.

Avec intelligence, Labidi les met en scène sans jugement et met ainsi à nu leurs souffrances. Selma dans sa volonté d’être utile et d’apporter une aide se trouve elle aussi face à sa schizophrénie d’immigrante. Elle a trouvé ses racines, mais pour pouvoir rester en Tunisie, il va falloir qu’elle se batte.

Un film plaisant autant que ses personnages et une bouffée d’air pur !

Patricia Renaud, pour le Clairon de l’Atax le 22/02/2020

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