Norvège/Pologne/Pays-Bas/Autriche/ France – 1h44 – 2021 –
Un film de Jasmina Zbanic avec Jasna Duricic, Izudin Bajrovic, Boris Ler.
« Et le ventre est toujours fécond d’où est sortie la bête immonde « Bertolt Brecht
Srebrenica, juillet 1995, Aïda est réquisitionnée (car elle est professeure d’anglais) pour servir de traductrice pour les Nations Unies. Face à l’avancée inexorable de l’armée serbe de Bosnie du général Mladic, la population fuit terrorisée et se réfugie dans un camp de l’ONU dirigé par une unité hollandaise.
Aïda va déployer une énergie phénoménale pour protéger son mari et ses fils quand elle comprendra que l’issue est effrayante. La population va se trouver scindée en deux groupes, ceux qui sont à l’intérieur de l’enceinte de l’ONU et ceux qui sont à l’extérieur faute de place. La situation va vite devenir intenable pour tous.
25000 personnes s’entassent dans le camp de l’ONU et seuls quelques milliers pourront entrer dans le hangar qui leur assure une sécurité toute relative. Les forces de L’ONU ne cessent de réclamer l’intervention des forces aériennes qui n’arriveront jamais.
Aïda ne cessera de courir en tous sens, non seulement pour répondre au besoin de traduction pour ces concitoyens, mais pour mettre à l’abri sa famille. Un rôle magistralement interprété par Jasmila Zbanic qui représente à elle seule toutes les femmes serbes crucifiées par la perte de leur fils ou de leur mari.
Et l’inévitable se produit, nous en avions connaissance mais on espère toujours réécrire l’histoire.
La population est « évacuée », les hommes et les femmes, séparés, montent dans des bus et en arrière-plan nous revient à l’esprit la vision de ces wagons plombés et de ceux qui sont allés vers les camps de la mort. Le « boucher des Balkans » est à l’œuvre.
Dans ce film qui s’appuie sur des faits réels, la fiction introduite par l’histoire d’ Aïda ne fait que renforcer la trame dramatique et horrible de l’histoire. 8372 hommes ont été exécutés et ce film leur est dédié ainsi qu’à leur famille, qui, pour la plupart, n’ont pu se recueillir devant une tombe.
Quant aux survivants, il leur faudra vivre à côté de leurs bourreaux.
On ne sort pas indemne de ce film. Il faut le voir pour ne pas oublier que …. Le ventre ….
Patricia Renaud pour le Clairon de l’Atax le 16/10/2021