Désertification médicale : le PCF fait le point sur la situation dans l’arrondissement de Narbonne

Il ne peut y avoir de démocratie si les citoyens ne se mêlent pas des affaires de l’État. Même animé des meilleurs sentiments, l’État ne peut pas construire seul les réponses aux besoins du peuple. C’est pourquoi il est indispensable que les militants associatifs et politiques, mais aussi les simples citoyens, s’informent de  l’action des services de l’État et le cas échéant, contrôlent et critiquent leurs pratiques. C’est ce qu’ont fait les militants des sections PCF de Coursan, Narbonne et Littoral Corbières en s’intéressant à la couverture santé publique du Grand Narbonne. Le Clairon de l’Atax soutient leur action en publiant et diffusant leur communiqué.

La rédaction du Clairon

 

La maison médicale de garde (MMG) de Narbonne (Image Théo Demenge)

 

Communiqué des sections PCF de Coursan, Narbonne et Littoral Corbières

Réunion publique du 13 mai à CARCASSONNE du PCF sur la désertification médicale. Le point sur l’arrondissement de NARBONNE.

Pour l’ARS, s’il y a un problème d’accès aux soins dans l’Aude, il se situe dans l’Ouest audois et en priorité dans la Haute Vallée de l’AUDE. Toujours selon l’ARS, le bassin narbonnais et le Littoral seraient les mieux lotis du département en nombre de médecins traitants par habitants.

Ce point de vue ne nous semblait pas correspondre à la réalité, car d’une part le service des urgences du Centre Hospitalier de Narbonne est totalement saturé, avec actuellement un délai d’attente de quatre heures dès la fin de l’après-midi ; et d’autre part en hiver dès 17H30, en plus de la saturation des urgences à l’Hôpital, se constitue tous les jours une longue file d’attente de patients sur le trottoir devant la Maison Médicale de Garde (MMG) qui ouvre à 19H00.

C’est pourquoi au mois de novembre 2022, suite à une demande du collectif santé de la fédération PCF de l’AUDE, les sections du parti de Coursan, Narbonne et Littoral Corbières ont décidé de vérifier par elle-même le nombre de médecins traitants opérationnels sur le bassin narbonnais de Coursan à Leucate.

Sur les trois sections, une dizaine de camarades ont participé à ce travail.

Le résultat est le suivant : Il y a une énorme différence entre les médecins déclarés comme généralistes auprès de la Sécurité Sociale mais qui priorisent leur spécialité comme acuponcteurs, angiologues, ou qui opèrent en secteur 2 et le nombre réel de médecins traitants. S’ajoutent à ce différentiel les médecins généralistes qui vont partir à la retraite en 2023 et 2024, qui pour beaucoup ont déjà dépassé l’âge de la retraite et ne trouvent pas de remplaçants.

Sur la seule ville de Narbonne, la Sécurité Sociale et l’ARS annoncent un ratio de 1 médecin pour 830 habitants, alors qu’après une enquête téléphonique minutieuse auprès de chaque médecin généraliste, nous tombons à un ratio de 1 médecin pour 1233 habitants. Nous avons estimé en conclusion de notre enquête que 6000 narbonnais étaient sans médecins traitants. Chiffre auquel il faut ajouter les résultats des communes du bassin narbonnais qui sont encore plus catastrophiques. Chiffres qui selon un médecin généraliste seraient sous-évalués.

Pour beaucoup de citoyens le dernier recours pour consulter c’est la Maison Médicale de Garde de Narbonne où l’on retrouve dans la file d’attente des gens de Narbonne bien sûr, mais également de Coursan, de Fleury, de Salles d’Aude, de VINASSAN, de BIZE, du SOMAIL, de GINESTAS, de PEYRIAC DE MER avec des situations personnelles et des vécus totalement scandaleux et indignes d’une France du XXIème siècle.

A cause d’un manque important de médecins généralistes du secteur 1, les cabinets de médecins libéraux sont submergés de demandes de consultations et renvoient systématiquement sur la MMG.

Imaginez quand des médecins sont absents pour prises de congés par exemple sans avoir trouvé de remplaçants, la MMG devient un entonnoir des consultations à partir de 19H00 : ces deux dernières semaines il y avait chaque soir 20 à 25 personnes qui attendaient patiemment l’heure d’ouverture de la MMG. L’hiver, le chiffre se double, et parfois se triple.

Sur le trottoir de la MMG de jeunes femmes avec des enfants, de jeunes adultes, des personnes récemment arrivés dans la région, et beaucoup de personnes précaires. Certains vont d’abord aux urgences et se rabattent ensuite sur la Maison Médicale de Garde. Il n’est pas rare de rencontrer des gens qui ont passé la journée à téléphoner dans les cabinets médicaux pour avoir un rendez-vous et en désespoir de cause se retrouvent à faire la queue à la MMG. Si vous arrivez à 19H00, vous avez de fortes chances de voir le médecin à 21H00. Et puis en cas de prescription il faut trouver la pharmacie de garde. Un vrai parcours du combattant, notamment pour ces jeunes mères sans véhicules et moyens de transport commun vu l’heure tardive de sortie de la consultation.

Nous sommes en totale régression sociale par rapport aux années 50 et la création du régime universel de Sécurité Sociale financé à son origine par les cotisations sociales en 1945.

Or depuis 2009 et la loi portant réforme de l’Hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires, n° 2009-879, l’organisation de la permanence des soins a été confiée aux ARS.

C’est donc l’ARS qui doit créer les conditions de l’augmentation des postes de médecins généralistes pour répondre aux besoins de nos populations.

Et pourtant, en témoignent les objectifs du Plan régional de Santé qui vont être validés le 30 mai prochain en assemblée plénière du Conseil Territorial de Santé pour la période 2023-2027, l’augmentation du nombre de médecins généralistes n’est pas dans ses priorités.

Effectivement, si l’ARS considère que sur l’arrondissement de Narbonne il y a un médecin pour 830 habitants, l’augmentation du nombre de médecins traitants ne devient plus la priorité des priorités.

Mais nous savons, pour avoir vérifié ces données, que ces chiffres sont faux. Nous sommes au bas mot à un médecin pour 1233 habitants avec environ 6000 habitants sans médecins traitants sur la seule ville de Narbonne. Et selon des médecins généralistes, ce chiffre serait sous-évalué.

Donc il y a une situation d’urgence sanitaire sur l’arrondissement de NARBONNE.

Nous devons nous mobiliser pour obtenir de l’ARS qu’elle change ses priorités d’action dans son assemblée plénière du 30 mai et mette en première priorité du PRS 3 (troisième plan régional de santé pour la période 2023-2027) l’augmentation du nombre de médecins généralistes secteur 1 afin que chaque citoyen ait officiellement un médecin traitant.

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Lettre ouverte à la Direction de l’Agence Régionale de Santé

 

 

L’Aude doit déclarer l’état d’urgMnce sanitaire !

 

M.le Directeur de l’antenne départementale de l’ARS,

 

L’Aude est particulièrement frappée par la désertification médicale.

Celle-ci progresse à la vitesse grand V et le nombre de nos concitoyens-nes qui n’ont pas accès à un médecin traitant, renoncent alors aux soins, ou voient ceux-ci retardés, prend la dimension d’un véritable désastre sanitaire.

Chaque jour ou presque nous apprenons la fermeture de cabinets médicaux, le départ prochain à la retraite  de généralistes, la limitation dans l’accès aux urgences hospitalières, saturées, ou aux maisons médicales de garde du fait d’un nombre beaucoup trop insuffisant de médecins et donc surchargés de travail.

L’urgence est là. Dans cette situation extrêmement préoccupante pour le droit à la santé de la population audoise, les pouvoirs publics, avec l’ARS qui en est un des instruments importants, doivent prendre des mesures exceptionnelles, de façon à ouvrir une perspective de  rétablissement de l’égalité d’accès aux droits.

Tout d’abord, pour déterminer plus clairement et en toute transparence les besoins en nombre de médecins, il est indispensable que l’ARS fournisse des statistiques précises et fiables.

Au-delà des sigles abstraits qui découpent le territoire en ZIP, zone d’intervention prioritaire, ou ZAC, zone d’action complémentaire, nous estimons que l’ensemble du département de l’Aude est surtout une zone à défendre, de façon à ce que l’égalité d’accès aux soins pour le droit à la santé puisse de nouveau prévaloir sur l’ensemble de ses cantons.

C’est pourquoi vous vous devez d’être une source fiable d’informations.

Tant à la population audoise qu’à ses élus, Maires et conseillers départementaux, vous devez fournir des statistiques représentatives réellement de la démographie médicale, un état des lieux qui soit un véritable reflet des difficultés quotidiennes assumées par les usagers de la santé et les patients dans leur recherche d’un médecin traitant.

Nous sommes conscients que cette exigence primordiale d’obtenir une information fiable ne résoudra pas tout, mais elle est le préalable à l’instauration d’un débat citoyen indispensable et qui, instruit sérieusement et précisément des problématiques saura alors être efficace et déboucher sur des propositions pertinentes.

Ce débat et cette mobilisation citoyenne sont en effet indispensables car en l’absence d’une politique d’État réellement ambitieuse et radicalement nouvelle, force est de constater que la situation continue de se dégrader. 

Ainsi l’État a supprimé le numerus clausus, mais le nombre de médecins formés par les Universités reste en deçà des besoins tandis que les lois de financement de la Sécurité Sociale (LFSS) ne sont pas non plus à la hauteur des besoins exprimés et tournent le dos aux innovations nécessaires comme la promotion des centres de santé adossés à l’hôpital public ou bien la sortie progressive du paiement à l’acte. 

Les ARS continuent de promouvoir la privatisation de la santé, la fermeture des hôpitaux de proximité, la gestion de la pénurie pour la santé publique. Et les mesures annoncées fin Avril par le gouvernement (programme de stabilité 2023-2027) pour réduire les dépenses publiques programment de fait l’austérité et donc une aggravation dramatique du renoncement aux soins, nombre de personnes risquant d’être confrontées à une perte de chance dans l’établissement rapide de diagnostics et des possibilités d’être soignées.

Si l’inquiétude grandit, elle se nourrit aussi d’espoir avec la perspective de changements et d’améliorations que le projet de loi transpartisan “Pour en finir avec les désert médicaux” pourrait instaurer.

Dans ce contexte, il faut que vous écoutiez et entendiez les exigences de la population audoise et que vous les fassiez remonter auprès du Ministère de la Santé et de la 1ère Ministre et c’est pourquoi nous vous demandons de bien vouloir nous recevoir dès que possible. 

 

La Fédération audoise du PCF

La secrétaire générale – Sylvie VILAS

 

 

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Publié par La Rédaction du Clairon de l'Atax

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