Image P.B.
Au centre de la clairière moussue
Tu avances fièrement ta ramure
Vers l’épaisse table basalte
Des sacrifices druidiques
Dans un immense geste derviche
Tu fais tournoyer ta chevelure
Pour entrer en transe elfique
Au son de la harpe et des bodhrans
Une assemblée de walkyries
Assistent à cette danse Shiva
Avec Eurynomé, en déesse mère
Siégeant au côté d’Héra, sur le trône olympe
Sur un lit de fougère, au creux de ton collet
Je me suis blotti entre tes racines
Avant qu’elles ne plongent dans l’aven
Chercher l’élixir de la connaissance
Fouillant chaque fissure profonde
Du magma originel, tu remontes
Le souffle du Drac, mi ange, mi démon
Pour honorer tous les astres morts
Dans cette forêt Escandorgue, le temps
Suspendu, je me suis réfugié
Un jour, une nuit, une année, une vie
Simple mammifère parmi les autres
Levant les yeux à la voûte céleste
Je découvre une bibliothèque Borges
Faite de feuilles d’or, attendant le printemps
Obovales à la nervure affirmée
Sur ta douce peau, lisse d’argent
Tu as revêtu ton voile lichen
Et tes rameaux, chargés d’immortels synapses
Ressuscitèrent ton aïeul Dodone
Cette canopée, moucharabieh
Dessine pour moi une voie lactée
Filtrant en une pluie d’étoiles
La colère d’un tsunami Râ
Au sommet de ce théâtre italien
Une colombe noire récompense
Les artistes des jeux de Delphes
En présence d’une chorale pinçon
Au petit crépuscule matin, à l’heure des fous
Lentement, les farfadets se retirèrent
Pour rendre à la forêt son silence Éole
Et moi, ma lucidité rêveuse.
L’appelou pour le Clairon de l’Atax le 15/01/2022
