Le «Sablier» marque la fin du festival de théâtre de Ségure

Compagnie Emergence

Texte, mise en scène, interprétation : Lucas Gimello
Scénographie :  Jean Baptiste Nailino
Création Lumière : Romain Favier
Ce spectacle a été créé en septembre 2017 et représenté en juillet 2019 au festival off d’Avignon.

Il est plutôt rare de se mettre à nu avec autant de détermination et de lucidité en public. D’habitude cela se passe dans le contexte plus discret et feutré du cabinet d’un psychothérapeute. Il y a cependant quelques exceptions à la règle et certaine personnes  n’hésitent pas à vomir en public leur intimité, mais il s’agit là de débordements névrotiques où le sujet se perd.

 

Le portrait de maman (Photo de Christian Haerrig)

Ce n’est pas du tout le cas du spectacle “seul en scène”  de Lucas Gimeno qui pourtant se fouille et se décrit avec une précision d’entomologiste scrutant la trajectoire d’un cafard. La différence avec le névrotique tient dans son talent. Talent d’écriture, mais aussi talent d’acteur. Pour le texte, cette dialectique du « complètement dedans » quand il revit des moments cruciaux de son histoire et du « complètement dehors » quand il se commente dans ces mêmes moments, fonctionne remarquablement bien. Et ce d’autant plus qu’il excelle dans l’autodérision. L’autodérision est à la fois un témoignage de lucidité et la marque d’une intelligence développée. Avons-nous déjà vu nos gouvernants actuels faire preuve d’autodérision ? Mais je m’égare…

Curieuse théapie (Photo de Christian Haerrig)

Pour le talent d’acteur il y a le jeu de son regard, le plus souvent détourné, distant, qui contraste avec la précision de son discours. Ainsi l’exercice de parole semble plus destiné à alimenter son questionnement intérieur qu’à guetter une réaction du public, que son œil ne fixe que lors de brèves incursions.
La mise en scène et la scénographie accompagnent particulièrement bien le texte de Lucas Gimeno et l’idée de retourner le sablier en fin de spectacle, pour accompagner la résolution de l’auteur de continuer malgré tout de croire en l’’homme et d’être insouciant, est particulièrement bien venue.
Un seul petit regret de ma part la chorégraphie en ombre chinoises de la chanson « Les cafards » me semble améliorable.

« Les cafards » (photo de Christian Herrig)

Je suis sorti enchanté par ce spectacle qui semble avoir tout autant charmé le public. A de nombreuses reprises le talent d’autodérision de Luca Gimello a déclenché les rires des spectateurs qui ne se sont pas privés in fine d’applaudir chaudement sa performance.

Fin du festival

Cette pièce jouée deux fois samedi 27 à 20h30 et dimanche à 19h30 a clôturé le 6ème Festival du Théâtre de Ségure. Et déjà naissent les regrets, de se séparer de perdre ce moment qui s’échappe. Si ce festival est une fête de l’esprit, c’est aussi un grand moment de solidarité qui associe comédiens, bénévoles, habitants, élus. Si la détermination de continuer est forte chez tous, il y a chez chacun une part d’inquiétude sur l’avenir du théâtre, fermé sine die par une décision administrative aux fondements contestables et contestés. Pour autant notre détermination reste intacte et nous ne sommes pas seuls puisqu’une pétition de soutien au théâtre a recueilli plus de 1200 signatures et continue à grossir…

Cette pétition se trouve sur Change.org, voici le lien :  https://chng.it/VMn9m4Sh

A bientôt !

Hubert Reys pour le Clairon de l’Atax le 29/08/2022

 

 

 

 

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