Narbonnaise, aménagement du Rec de Veyret : le COPAREC ne renonce pas

il faudrait que les pouvoirs publics s'habituent à l'idée qu'ils ne sont pas les seuls à pouvoir mobiliser de l'expertise, la société civile dispose en son sein de compétences et d'expériences parfois équivalents sinon plus appropriées...

L’aménagement du Rec de Veyret pour protéger des quartiers de Narbonne contre des crues exceptionnelles est une longue histoire où les projets se succèdent et les réalisations tardent. Depuis 2020 un nouveau projet est dans les tuyaux : il remplace un projet de 2018 pourtant approuvé par la préfecture et il coûterait 3 fois plus cher que l’ancien. Au dire des experts de l’État et du SMDA / SMAR  le nouveau projet serait plus efficace en cas d’évènements majeurs, affirmation qui est contestée par d’autres experts de la société civile et du monde associatif. A ce propos il faudrait que les pouvoirs publics s’habituent à l’idée qu’ils ne sont pas les seuls à pouvoir mobiliser de l’expertise. C’est sur la foi des travaux de ce derniers experts que les habitants de Montredon se sont prononcés contre le projet en cours qui comprend la création sur le territoire de cette commune d’un barrage écrêteur qu’ils qualifient de “pharaonique”. Constitués en association le COPAREC (1) il souhaitent débattre avec les pouvoirs publics du bien fondé du projet en cours. Le moins qu’on puisse dire c’est que ces pouvoirs publics, en l’ occurrence le préfet, les traitent avec une certaine désinvolture…

La rédaction du Clairon

 

Vue du barrage du Cap de Pla sur le rec de veyret depuis la contournante ouest de Narbonne

 

Communiqué du collectif COPAREC, de l’association RUBRESUS
et de Greenpeace Narbonne

Rec de Veyret : ce qu’il s’est dit avec le préfet

Suite à notre sollicitation, le préfet a invité Le Collectif montredonnais COPAREC et l’association RUBRESUS, le 5 août, en présence de la direction de la DDTM.

En préambule, nous avons rappelé notre position en faveur de la protection des personnes et des biens contre les inondations et notamment du projet d’aménagement du rec de Veyret du SMDA/SMMAR inscrit au PAPI 2 en 2018 qui, pour une protection centennale, ne comprenait pas le barrage à Montredon des Corbières. Les impacts néfastes du grandiose barrage écrêteur à Montredon ainsi que les anomalies dans l’évolution du projet ont tour à tour été discutées.

Nous avons demandé pourquoi le projet de 2018 approuvé par la préfecture qui siège au comité de pilotage du PAPI a été soudainement retiré en 2020 au profit d’un projet 3 fois plus coûteux pour une même protection centennale, avec un barrage à Montredon impliquant de gigantesques travaux, des impacts écologiques et patrimoniaux majeurs et un surcoût phénoménal (20 millions €).

Le directeur de la DDTM a répondu que le projet 2018 avait été basé sur un niveau de protection trentennale. Cette réponse nous a interloqués. Preuves à l’appui (extraits du rapport PAPI remis en main propre), nous avons démontré que ce projet se référait systématiquement à un niveau de protection centennale et qu’à aucun moment la protection trentennale n’était mentionnée. La préfecture n’a pas apporté d’élément tangible (écrits) susceptible d’effacer sa contre-vérité.

Nous avons souligné que le bassin du Veyret (40 km2), 5 à 20 fois plus petit que ceux de l’Orbiel, la Cesse et l’Orbieu, n’a jamais connu de phénomènes extrêmes ni victimes. L’ampleur des dépenses engagées pour son aménagement (30 millions €) n’est pas justifiée. Elles capteront la part prépondérante du budget alloué pour l’ensemble du département et feront défaut dans la protection de secteurs et de populations les plus exposées. La préfecture a souligné que les crues catastrophiques de 2018 dans l’Ouest audois avaient amené à réévaluer les risques. Cependant, la DDTM a admis que le cas du rec de Veyret n’était pas comparable et qu’il relevait d’un risque centennal défini dans le PPRI en vigueur : 300 mm d’eau/24 h (310 mm pour SMDA).

La construction du barrage en aval dans la vallée du Veyret à Montredon implique de gigantesques travaux : digue de 230 m de long et 17 m haut, déplacement de la D613 rendue inondable. La nouvelle route (2 km) coûtera 5 millions €, 2 fois plus cher que la digue elle-même : cela frise l’absurde. Parmi les nombreux impacts néfastes des travaux et du barrage sur l’environnement, la fragilisation de la ressource en eau est l’un des plus préoccupants. L’extraction sur site de matériaux argileux par creusement des sols sur plusieurs ha pour l’étanchéité de la digue ne protègera plus le champ captant alimentant Montredon en eau potable. La réponse de la préfecture à notre questionnement a clairement indiqué qu’elle n’avait pas du tout pris en compte cet impact. L’option d’utiliser des matériaux extérieurs au site impliquerait un surcoût important alourdissant encore des dépenses déjà pléthoriques.

Les impacts de gros travaux de terrassement sur 2 années au sein même d’une zone protégée ZNIEFF et à quelques centaines de mètres de la zone Natura 2000 de la Grotte de la Ratapanade, sanctuaire de biodiversité et site majeur régional de chauves-souris n’ont pas semblé préoccuper la DDTM. Autre élément symptomatique de la légèreté de l’analyse préfectorale est qu’aucun des 3 responsables rencontrés ne s’est rendu sur le site du barrage.

Cet entretien a laissé transparaître la légèreté et l’inconséquence de l’examen du projet et de ses impacts et la défaillance des autorités de l’État sur un sujet d’envergure tant au plan environnemental que de la gestion de fonds publics.

Gageons que ce projet controversé, désormais instruit par les autorités environnementales régionales (DREAL, ARS, …) soit analysé en toute impartialité, avec de réelles compétences, à l’écoute des enjeux environnementaux et de la population afin d’éviter un retentissant scandale.

 

 

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Notes
  1. COlectif pour la Protection et l’Aménagement du REc de veyret[]
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Publié par La Rédaction du Clairon de l'Atax

2 commentaires

Merci pour ce bel article et pour votre soutien dans la défense de notre patrimoine historique, environnemental, agricole

Merci de votre appréciation. La question du Rec de Veyret nous tient à cœur (Laurent Fabas et Hubert Reys). Nous ne manquerons d’accorder un attention particulière aux informations que vous voudrez bien nous faire parvenir. Cordialement H.Reys

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