dollar-Image par Gerd Altmann de Pixabay
Qu’il soit d’État ou privé, le capitalisme donne ces derniers temps des signes croissants de faiblesse. On aurait cependant tort de se réjouir si l’on pense qu’il est en train de céder dans un grand moment de rééquilibrage entre classes dominantes et classes dominées. Si le phénomène semble universel, il est particulièrement visible dans les grands pays développés, où les pouvoirs politiques qui se succèdent éprouvent de plus en plus de difficultés à gouverner sans recourir à une violence et un contrôle social croissants.
La France en est un exemple particulièrement remarquable.
Le référentiel néolibéral où baignent les partis de gouvernement, qu’ils soient de droite ou de gauche, les conduit actuellement à s’acharner sur les mesures sociales et à renforcer le déséquilibre du partage des richesses produites en faveur du grand capital. Ainsi, pour une grande majorité de citoyens, l’offre politique se réduit à choisir « entre blanc bonnet et bonnet blanc », ce qui les conduit à l’abstention et au désintérêt de la chose publique, c’est à dire de la possibilité d’un État qui serait gouverné en fonction du bien du peuple.
Dès lors il s’établit une défiance généralisée envers tout exécutif issu des partis traditionnels de gouvernement, mais aussi naissent des “à priori” défavorables envers toute formation politique qui propose d’instaurer un État démocratique et social. (Ces “à priori” défavorables sont ainsi exploités par le gouvernement macroniste pour tenter de stigmatiser LFI auprès de l’opinion publique en situant ce mouvement hors de « l’arc républicain »).
C’est pourquoi, dans le contexte actuel, malgré le climat de révolte, de rejet du macronisme et de ses séides par une majorité de Français, il est encore difficile de canaliser ces dynamiques contestataires éparses en une force politique capable de renverser le régime actuel.
Confronté à une révolte sociale grandissante, le macronisme fait face à un autre risque : l’implosion
Si le macronisme est pour le moment en mesure de se maintenir au pouvoir par la manipulation de masse, le recours à la violence et la restriction des libertés publiques, son maintien est aussi conditionné par sa capacité de servir les intérêts de la classe capitaliste qui l’a fait élire, faute de quoi celle-ci confiera la défense de ses intérêts à une organisation plus performante (Le Rassemblement national semble disposer des qualités requises).
Or il devient de plus en plus dur de servir les intérêts du grand capital, même en renforçant la violence de l’executif contre le peuple.
Les nombreuses « volte face » et contradictions de Macron et de son gouvernement en matière de politique industrielle, de nucléaire, d’environnement, etc. ne sauraient être réduites à de l’opportunisme ou de l’incapacité politique : elles sont aussi provoquées par un contexte nouveau, insolite. Le système capitaliste est confronté à un mur qu’il a engendré, mais contre lequel il ne peut rien ou si peu : il s’agit de la crise climatique et environnementale en cours.
Schématiquement : la dynamique de croissance du profit, qui constitue l’essence du capitalisme, tend à s’épuiser, car les améliorations technologiques qui permettaient l’augmentation de la production de richesses, tendent à être mises en échec par les effets grandissants de la crise climatique. Ainsi des stratégies et scenarios de croissance, imaginés à un moment donné, deviennent périmés peu de temps après (cf. développement du nucléaire / pénurie en eau). La « destruction créatrice » Schumpeterienne, si chère à Macron et au capitalisme moderne, se trouve de plus en plus mise en échec : plus de destructions et moins de création de richesses…La dynamique capitaliste tend à s’essouffler : où trouver le profit ? Dans la spoliation du peuple exposé aux vagues de chaleur, tornades et autres inondation ? La solution est dangereuse, cette fois les réactions risquent d’être fatale à notre oligarchie gouvernante.
C’est aussi dans de telles circonstances que le mode de gouvernance capitaliste actuel peut devenir peu à peu intenable.
Hubert Reys pour le Clairon de l’Atax le 23/09/2023