blah blah blah (Image par Gerd Altmann de Pixabay)
La plus grande confusion règne dans le monde politique français, alors que le second et dernier quinquennat d’E. Macron est largement entamé. Il y a bien sûr la valse des ministres censés résoudre les graves dysfonctionnements que connait la France : système éducatif, système de santé, sécurité publique, etc., mais elle celle-ci est tempérée par le fait que les grandes décisions se prennent à l’Élysée.
Or les informations remontées du terrain par les services de ministères semblent de peu de poids face aux convictions de la garde rapprochée du président. Celui-ci, entouré par des technocrates recrutés pour leur proximité idéologique, ne semble plus disposer dans une telle configuration de l’ensemble des informations et conseils qui lui permettraient des prises de décision réfléchies, fondées, cohérentes et efficaces.
Les injonctions politiques se heurtent aux réalités
Une telle configuration a rapidement conduit à l’impossibilité d’une action politique efficace. Les déclarations plus ou moins fracassantes se succèdent en politique intérieure comme extérieure, mais leurs effets se font attendre, lorsqu’ils ne sont pas contreproductifs.
On n’a pas oublié dans le florilège des fautes diplomatiques, la proposition aussi aberrante que stupide d’E Macron de mobiliser la Coalition internationale contre l’EI pour « lutter contre le Hamas » : c’est-à-dire de demander aux pays arabes de se battre aux côtés des Israéliens contre un peuple arabe ! Il fut contraint pas la suite à un discours plus réaliste.
En politique intérieure les volte-face sont légion : en matière de nucléaire, d’environnement, de santé publique, d’économie (cf. « Quoi qu’il en coûte”), etc. Tout cela se traduit par une production abondante de lois et règlementations, de restructurations administratives dont on ne voit pas, après 7 ans de règne, les effets d’amélioration de la situation qui les a justifiées.
Parfois, comme c’est le cas pour la loi immigration, ces lois semblent plus destinées à traiter un problème politique (1) qu’à traiter réellement la question de l’immigration, au point de voir E. Macron espérer lorsqu’elles sont votées, qu’elles seront amendées par le Conseil constitutionnel.
Le discours macroniste est saturé de slogans et d’incantations généralistes et floues comme « La France est en guerre », le « réarmement démographique », « pour que la France redevienne la France », proclamés en lieu et place d’indications précises sur les projets et politiques à mener.
L’image d’une politique dynamique et « disruptive » que souhaitent donner Macron et ses fidèles contraste avec les solutions passéistes que sa gouvernance met en œuvre : relance du nucléaire, soutien à l’agro-industrie, SNU comme apprentissage du vivre ensemble, uniforme à l’école, etc.
Mais toute cette abondante production d’éléments de langage, sinon de propagande aboutit à peu de résultats.
Le principe de destruction/création de Schumpeter, mantra de la pensée macroniste ne fonctionne pas : il y a beaucoup de destruction notamment des services publics et l’on cherche encore ce qui doperait la création (comme par exemple une réindustrialisation significative de la France).
Par contre les effets pervers de cette communication massive et permanente, déconnectée d’une action politique cohérente et suivie, créent une insécurité croissante dans la société française et contribuent à son morcellement et son repli individualiste.
Or une société tient par les solidarités qu’elle organise entre ses membres, par l’intelligence collective qu’elle peut secréter. Comment affronter, dans une société divisée et en désarroi, les défis vitaux posés par le changement climatique, le retour de la compétition entre les grandes puissances, la reconfiguration agressive de l’économie mondiale ?
Comment peut-on au 21ème siècle oublier autant les leçons de l’histoire ? De cette insécurité, de ce délitement de la société française sous l’emprise d’une caste faussaire qui se fait passer pour une élite, le Rassemblement National fait son miel. Comme le macronisme démontre jour après jour son incapacité à être un opérateur efficace du grand capital, le RN a de bonnes chances d’être choisi comme son successeur efficace et d’obtenir les soutiens nécessaires à sa prise de pouvoir.
Face à cela, la gauche morcelée, parfois manipulée par le macronisme, empêtrée dans des tractations relevant souvent plus d’ambitions singulières que d’oppositions idéologiques ou méthodologiques, repliée dans des structures politiques centralisées et trop peu connectées avec une base populaire, s’avère incapable en l’état actuel d’enrayer la dérive fasciste en cours.
Doit-on espérer un échec de la gauche aux élections européenne où chacun tente de trouver dans un hypothétique succès électoral le moyen de s’affirmer comme un leader légitime ? Un échec cuisant de cette stratégie inepte, peut-il aider à une reconstruction d’une puissante et cohérente coalition de la gauche capable de renverser le cours des choses ?
Hubert Reys pour le Clairon de l’Atax le 22/01/2024
Notes
- ndlr. Augmenter sa surface politique par des ralliement et l’approbation de l’opinion[↩]
Excellente analyse, comme dab! L’une des erreurs qui me navre le plus concernant l’ambiance républicaine actuelle a été et est encore de penser repousser le RN en faisant place à ses thèses et en se disant bon citoyen parce qu’on entend les mécontentements du genre insécurité, trop d’étrangers, gagner plus sans travailler etc… Il faut tout au contraire réfuter un par un tous les arguments du RN, démontrer par A plus B que l’équilibre de la société ne repose pas sur la préférence nationale, le racisme, la haine de l’autre etc… En bref, plus on parlera de ce que dit le RN, plus on lui déroulera le tapis rouge alors que si on lui rentre dedans, avec des mots bien sûr, mais des mots convaincants comme partage, bienveillance, solidarité, civisme, laïcité, éducation, discernement, entraide, main tendue, dynamisme, équité, non-violence, volonté d’agir, la liste peut se poursuivre, on luttera efficacement contre ces dangers de repli, de nationalisme nauséabond, de Trumperies invraisemblables au 21ème siècle qui nous mènent inéluctablement à la violence et au chaos. La planète bleue est à tout le monde, bordel! Et la France en fait partie! Bien à vous et bonne année.
Merci pour ce commentaire. Tout à fait d’accord : il faut se battre sur le terrain et réfuter un à un ls arguments du RN. Pour cela il y a les campagnes dans les médias, les rassemblements, les tracts et affiches, etc. Mais tout à la base je crois que chacun d’entre nous doit entreprendre son voisin désenchanté de la politique, en désarroi, ou qui pense voter RN “parce qu’on a pas encore essayé”. Le boulot est déséquilibré entre un RN qui surfe sur le mécontentement sans beaucoup d’efforts, Macron et consorts se chargent de lui ouvrir la voie, et le travail lent et laborieux de porte à porte indispensable.