La question de la préemption des médicaments se pose actuellement avec acuité, compte tenu du manque de disponibilité de certains produits, mais aussi plus généralement, de la crise de notre système de santé. Le magazine de défense des consommateurs « Que Choisir » y a consacré un article dans son édition d’octobre 2004, nous avons demandé son avis à notre contributeur médecin (1) qui confirme les informations de “QC “et nous adresse les commentaires suivants.
La Rédaction
Y a-t-il plus de toxicité ? : Depuis 2016, comme mentionné dans l’article de Que Choisir du mois d’octobre 2024, plus de cas de toxicité directe répertorié après absorption de médicaments périmés.
Y a-t-il plus d’Inefficacité ? : c’est le vrai risque pour tous les médicaments “instables” ; il convient d’observer strictement leur date de péremption :
– l’adrénaline injectable risque d’être inefficace, ce qui, pour un patient véritablement allergique, en cas de survenue d’un choc allergique, représente un risque mortel majeur.
– les sprays broncho-dilatateurs (cf Ventoline) : très problématique en cas de premier recours pour un asthmatique en crise
– les dérivés de la trinitrine : un vrai risque pour les coronariens
Y a-t-il plus d’intolérance ? : la tolérance gastrique de l’aspirine périmée serait moindre.
Remarques : Le magazine Que Choisir ne parle pas des médicaments périmés du fait de la date d’ouverture des médicaments disponibles sous la forme de liquides (sirops, suspension, gouttes, collyres…). La date d’ouverture est alors bien plus primordiale que celle de la péremption !
Il est donc vivement conseillé de d’inscrire directement sur le flacon la date de son ouverture
– Les remèdes liquides oraux ont en général une tolérance d’utilisation de 2 mois, après ouverture.
– Les flacons de produits à usage externe : il y a une grande variabilité
Ainsi, par exemple, pour tout flacon de collyre entamé, la garantie de stérilité ne dépasse pas 8 jours, et pas au-delà de 48 heures si le bout du flacon a été au contact de la paupière ou des doigts, dès lors le contenu se transforme en un fâcheux bouillon de culture bactérien ou viral !
Mention à part : celle de la durée d’utilisation des antiseptiques locaux (Hexomedine, SHA…) qui varie d’une semaine à 6 mois, fonction de leur teneur en iode notamment (Bétadine),
Hormis les réserves décrites, l’utilisation des médicaments périmés est donc largement possible en soins courants (antalgiques, AINS, antibiotiques…), ce qui, par ailleurs ne doit pas du tout arranger les intérêts des labos.
Par ailleurs, le gain pour les comptes des Caisses de Sécurité sociale me semble toutefois que très relatif, étant donné qu’il s’agit majoritairement de médicaments libres de prescription médicale et donc, non remboursés.
P.W. pour le Clairon de l’ATAX le 24/09/2024
Notes
- tous nos contributeurs sont bénévoles[↩]