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L’IEA (en Français AIE = Agence Internationale de l’Energie) qui réunit 32 états membres, a publié en janvier dernier un rapport intitulé « The Path to a New Era for Nuclear Energy » (le chemin vers une ère nouvelle pour l’énergie nucléaire). Ce rapport estime que la part du nucléaire, considéré comme une énergie décarbonée, devrait croitre dans les prochaines années.
L’IEA et l’avenir du nucléaire dans le monde
Cette affirmation de développement du nucléaire se fonde sur le constat d’un ensemble de circonstances favorables :
- Des investissements en hausse dans le secteur du nucléaire
- Des avancées technologiques
- Des soutiens plus affirmés dans plus de 40 pays
- Une demande d’électricité en forte croissance dans les prochaines décennies, notamment suite à la multiplication des data center qui nécessitent des ressources électriques suffisantes, stables et à faible taux d’émission.
Le rapport constate aussi que de nombreux défis d’ordre politique, financier et technologique sont à surmonter. Mais il estime qu’avec une innovation continue, un soutien gouvernemental cohérent et constant, une planification adéquate de la main d’œuvre, des chaines d’approvisionnement sécurisées on devrait y arriver…
Enfin il prédit que de nouveaux modèles commerciaux basés notamment sur la diffusion des SMR (petits réacteurs modulaires) devraient jouer un rôle capital dans l’avènement de cette nouvelle aire nucléaire…
Les perspectives pour 2025
Compte tenu des données recueillies actuelles par l’IEA, les tendances actuelles seraient favorables au développement du nucléaire.
En 2025 la production d’électricité nucléaire devrait battre tous les records avec 2900 TWh. Il s’agit d’une production régulièrement ascendante depuis plusieurs années, puis qu’on enregistrait dans les années précédentes : 2742 TWh pour 2023, et 2 843 TWh pour 2024.
Au niveau mondial, le nucléaire ne représente aujourd’hui qu’une part modeste de 9% du mix électrique, contre 18% à la fin des années 1990. Mais si on réduit ce mix aux énergies classées actuellement comme décarbonées le nucléaire se classe en 2ème position derrière l’hydroélectricité, mais devant l’éolien et le photovoltaïque qui progressent cependant rapidement (Ndlr : en 2023, le nucléaire produisait tout de même 20 % de plus que l’éolien, et 70 % de plus que le photovoltaïque).
Selon l’IEA, cette part modeste du nucléaire au niveau mondial est à relativiser : rapportée aux pays dits ″développés″ la part du nucléaire dans le mix électrique monte à 18% (1)
Leadership technologique de l’énergie nucléaire
Contrairement à certaines idées, particulièrement représentées en France en raison de la propagande faite autour des EPR, ce sont la Chine et la Russie qui se talonnent en matière de leadership technologique, avec respectivement 25 réacteurs de design chinois en construction, contre 23 Russes ; soit un total de 52 réacteurs dont la construction a démarré entre 2017 et fin 2024.
A la fin de l’année 2024, la moitié des 63 réacteurs en construction dans le monde était située en Chine. (Ndlr : ces chiffres comparés à la construction des réacteurs en cours et projetée par EDF en France et à l’étranger sont de nature à doucher quelques illusions et à réduire à plus de modestie certaines rodomontades sur la relance du nucléaire ″made in France″)
Selon l’IEA, la Chine sur sa lancée devrait devenir rapidement le leader mondial en matière de construction de réacteurs ; elle pourrait dépasser les USA en nombre de réacteurs en fonctionnement au plus tard en 2030.
Le marché pourrait cependant s’équilibrer selon l’IEA, si les SMR connaissent le développement rapide ambitionné par les tenants du nucléaire : l’IEA a recensé 80 designs de SMR en cours d’étude dans le monde. Ces études sont diversement avancées, mais certaines abordent déjà la phase de commercialisation. La question des investissements qui est plus problématique dans le cas de construction de « gros réacteurs », devrait être moins déterminante en raison de l’arrivée d’investisseurs privés du fait des investissements moindres mobilisées par les SMR, mais aussi en raison de la demande provoquée par la multiplication des data center, corrélative au développent de l’IA (Intelligence Artificielle).
Des investissements financiers dans le nucléaires prévus à la hausse
Ils s’élèvent actuellement au niveau mondial à 65 milliards de dollars selon l’IEA, mais l’agence estime que, compte tenu des politiques gouvernementales actuelles, qui marquent le retour en faveur du nucléaire, ces investissements pourraient monter jusqu’à 150 milliards de dollars /an d’ici 2030. Cela aurait pour effet d’augmenter de près de 1000 GW la puissance installée d’ici 2030.
Le rapport de l’IEA fait avec talent le ″job″ qui lui est dévolu : le suivi et la promotion du nucléaire. Mais il contraste fortement avec le climat de morosité et d’inquiétude qui règne dans le monde, face aux diverses crises politiques, économiques, sociales, environnementales en cours…
Curly Mac Toole pour le Clairon de l’Atax le 20 /02 / 2025
Lien vers le rapport de IEA : https://iea.blob.core.windows.net/assets/21947d24-cbe3-4fbe-a5b7-5c94de5c60f2/ThePathtoaNewEraforNuclearEnergy.pdf
Notes
- mix comprenant les énergies carbonées et décarbonées[↩]