Le porte avion USS Harry S Truman outil commercial des Etats Unis d’Amérique (Image par Military Material de Pixabay)
Que se passe t ‘il ? Le fonctionnement démocratique d’un nombre de plus en plus important de pays craque, lorsqu’il ne bascule pas complètement, dans l’autocratie. Et voici que les États Unis d’Amérique, considérés comme la plus vieille démocratie du monde moderne, basculent à leur tour. Avec l’élection de Trump les contre-pouvoirs qui garantissent le fonctionnement démocratique de ce pays sont laminés d’un simple trait de plume. Et cette résistible pratique est imitée dans la foulée par Netanyahou et Erdogan.
En France, autre régime présidentiel, le président Macron, désavoué par les législatives de 2022 et 2024, emploie toutes sortes d’expédients et de leurres pour conserver le pouvoir. En matière de démocratie, la spécificité française, si chère à nos tribuns, réside dans l’emploi d’une brutalité moins apparente qui biaise les pratiques politiques et tord les jurisprudences pour réduire le service de l’intérêt public, principe directeur de l’action de l’État, à des services privilégiant des intérêts particuliers…
Comment ne pas être choqué par la brutalité et le peu de manières de la clique arrivée au pouvoir aux USA ? On pourrait croire au remake d’un film de gangster, genre « Main basse sur la ville ». Mais la référence au folklore américain ne suffit pas à expliquer un bouleversement si rapide et radical. En fait il y a urgence : l’ organisation politique des USA doit s’adapter à un fonctionnement économique de la planète qui tend à changer en profondeur et la vague néolibérale qui emportait jusqu’alors les politiques économiques s’épuise.
Si la crise climatique ne semble pas mobiliser autant que de besoin le monde politique, ce que la pensée écologique a réussi à diffuser quasi universellement c’est la prise de conscience que les ressources de la planète sont limitées et qu’une croissance généralisée et illimitée est de ce fait une idée totalement illusoire. Deux options sont alors possibles pour faire face :
- On continue le fonctionnement du système d’échanges mondialisé actuellement en vigueur. Les mécanismes de marché sont régulés par l’OMC (Organisation mondiale du commerce) et des accords multilatéraux de libre échange, mais on réduit progressivement et de manière concertée le volume de ces échanges, pour aboutir à un fonctionnement économique partagé et équilibré, soutenable pour la planète…
- On crée des rapports de force d’où émergent quelques vainqueurs qui s’accaparent à leur seul profit des ressources nécessaires à leur puissance de domination. Les autres pays sont alors considérés comme des colonies, des clients, ou, le cas échéant, des réserves de main d’œuvre taillables et corvéables…
La première option apparait aujourd’hui comme relevant d’un rêve irénique et charmant, sans traduction concrète dans les politiques menées sur l’ensemble de la planète, y compris au Bhoutan.
Ce qui la rend impossible, c’est que le capitalisme a changé : finie la phase néolibérale où le libre échange des biens et services est négocié plus ou moins harmonieusement entre États. Les États, dans leur organisation actuelle, sont devenus encombrants avec leur quincaillerie d’institutions et de minauderies politiques qui freinent le business. Les USA, le plus puissant d’entre eux militairement et économiquement, a été dévoré de l’intérieur par des « aliens » : les multinationale et leurs capitaines milliardaires devenus si puissants que leurs services se substituent progressivement à ceux de l’État. Et cette hégémonie déborde sur le monde : les capitalistes milliardaires passent au dessus de leurs appartenances nationales et se mêlent de politique dans tous les pays où leurs intérêts sont présents ou à venir (Allemagne, Danemark par exemple).
Ainsi le système d’échanges mondialisé se redessine en une organisation qui privilégie les relations commerciales entre un État hégémonique, dominé par de puissantes multinationales monopolistiques, des colonies où sont puisées les ressources (Afrique, Groenland, Ukraine, etc.) et des États vassaux qui consomment jusqu’à épuisement de leurs économies
Mais voilà : les USA se trouvent aujourd’hui confrontés à d’autres puissances qui rêvent de prendre leur place. La Chine tend à disposer des moyens économiques et militaires pour y parvenir. Elle pourra compter sur le soutien de pays hostiles à l’hégémonie américaine…La suite de l’histoire risque d’être fortement conflictuelle à l’instar des guerres qui opposèrent jadis les puissances coloniales européennes…
Et pendant ce temps, en France, E, Macron et ses copains de droite rêvent à une grandeur et une puissance qui ne sont plus, s’imaginent pouvoir peser sur les affaires du monde et agitent des hochets et un pistolet à bouchon, au lieu de s’investir et d’investir dans ce que nous savons bien faire, ce qui sert l’intérêt public et qui reste du domaine du possible : notamment la science et la recherche scientifique.
Hubert Reys pour le Clairon d l’Atax le 23/03/ 2025