Solidarité créatrice (image IA)
La décision du Rassemblement national de tenir congrès à Narbonne le 1er mai 2025 avait soulevé bien des questions et débats dans la gauche narbonnaise. Comment traiter l’évènement : fallait-il réagir ou l’ignorer et faire comme pour un premier mai habituel et se centrer sur la fête des travailleurs avec le défilé traditionnel organisé par les syndicats, ou fallait-il marquer le coup et organiser quelque chose en plus ? La question se compliquait en raison de la proximité des échéances municipales de mars 2026. Narbonne allait-elle tomber à son tour dans les bras du RN et former avec Béziers et Perpignan une conurbation d’extrême droite ?
Si l’affaire semblait agiter le milieu local et susciter déjà quelques envies d’agir de citoyens et d’artistes, il n’en était pas de même au niveau national de notre beau pays jacobin. Pas de directives ou d’appels solennels à la mobilisation, peu d’encouragements…Narbonne était-elle déjà considérée comme perdue, comme un territoire sans grande importance stratégique ?
Une réaction populaire
C’est dans cette ambiance que s’est fondée début mars, à l’initiative de citoyennes et citoyens avec ou sans étiquette politique ou syndicale, l’idée d’une réponse à la venue du RN. Il fut décidé d’organiser un événement ouvert, libre, festif et culturel, en contraste avec le rassemblement en milieu clos d’une foule, préparée par les grands médias de formatage et hystérisée par les jaculations revanchardes de ses ″chefs″.
Les délais étaient courts : il restait 1 mois pour faire du « concret » !
L’organisation de l’action se fit au moyen d’un collectif autogéré (mode d’action si souvent brocardé par les gens ″sérieux″ qui le considèrent comme inefficace et en font l’apanage des babacools et des marginaux).
Les nombreux problèmes posés par l’organisation de cet événement furent traités par des commissions dédiées : interventions et débats, culture et musique, village des luttes, communication, sécurité, restauration, etc. Les propositions des commissions de travail étaient débattues et validées en assemblées générales hebdomadaires. Lors des débats libres et ouverts, « tout le monde n’était pas d’accord sur tout », mais le contradicteur était vu comme un adversaire à convaincre et pas comme un ennemi à rejeter. Ainsi, les décisions, validées par l’assemblée générale, furent acceptées et appliquées par tous.
Les participants à cette démarche étaient agis par des motivations diverses qui mêlaient l’application concrète de choix idéologiques à l’expression non politisée de talents et de savoir-faire particuliers.
La dynamique créée par ce rassemblement spontané se propagea hors de Narbonne. Très rapidement des personnalités nationales se sont engagées bénévolement qu’il s’agisse d’artistes, de représentants politiques ou d’ONG, mais aussi de particuliers, certains en situation précaire
UN RÉSULTAT A LA HAUTEUR DES ATTENTES
L’évènement créé par cette initiative citoyenne s’est déroulé de 12h à 18h, à la suite du grand défilé syndical, sur un périmètre allant du parvis de la médiathèque au parc de la Bourse du travail.
6 conférences /débats étaient organisés sur les thèmes : « Écologie et agriculture », « Antiracisme », « Programme socio-économique et culturel de l’extrême-droite » « Gestion des villes par l’extrême-droite », « Situation internationale et extrême droite » « Droits humains et éducation ». Elles ont réuni 19 intervenants locaux et nationaux.
Les artistes de 19 groupes se sont produits de 13h à 19 h sur les 3 scènes mises à leur disposition.
Il est difficile de quantifier le public qui a participé à cet événement. On peut l’estimer visuellement à au moins un nombre équivalant à celui des manifestants des défilés du matin, soit 5000 personnes, sachant qu’il circulait dans les divers lieux et se renouvelait par entrées et sorties du périmètre…
Il n’y a eu aucun incident et à 19 h les lieux étaient remis dans leur état d’origine.
Cet évènement organisé par le « Collectif 1er mai » est incontestablement un succès. Bravo et merci à tous ceux qui l’ont préparé, mis en œuvre et réalisé. C’est aussi le succès d’une méthode souvent incomprise et décriée d’autogestion collective. Comme le remarquait l’un des membres du collectif : « On a mis des logos d’organisations et partis mais derrière et au-delà de ces logos il y avait surtout des citoyens ».
La dynamique suscitée par l’irruption du meeting du RN à Narbonne va-t-elle se poursuivre dans la perspective des prochaines élections municipales ?
La rédaction du Clairon de l’Atax