Chers camarades

Russie – 2h – 2020 – Prix spécial du jury à la Mostra de Venise.

Un film d’Andreï Konchalovsky avec Julia Vysotskaya, Vladislav Komarov, Andrey Gusev.

emblème de l’URSS (Image par Artist and zabiyaka de Pixabay)

En 1962 à Novotcherkassk, petite ville du Caucase, les ouvriers d’une usine ferroviaire décident de se mettre en grève  suite à la baisse des salaires et la hausse des prix. Lioudmila est membre du conseil municipal, fervente stalinienne et  membre active du parti communiste. Elle élève seule sa fille, Svetka et vit avec son vieux père. Svetka participe à la grève qui dérape et vire au massacre.
Liouda* va partir à la recherche de sa fille disparue et de ses illusions perdues.

Tourné en noir et blanc, point n’est besoin de la couleur pour voir le rouge du sang. Ce film retrace l’histoire d’un massacre et du voile que l’on a pudiquement déposé sur les corps pendant 30ans. L’URSS avait du mal à vivre après Staline, Kroutchtchev dans l’ère de la déstalinisation offre à ses partisans la vision d’un pays en plein chaos, les prix montent et les salaires baissent, les denrées se font rares comme le montre le début du film mais pas pour les membres du Parti auquel appartient Liouda ce qui lui permet de tenir un discours enflammé sur le comportement de ces grévistes.

Mais, la voilà en pleine schizophrénie quand elle découvre que sa fille a disparue, la voilà tiraillée entre la femme  politique  engagée et la mère terrifiée par le sort de sa fille. Qui va-t-elle trouver pour l’aider dans sa recherche ?, un tchékiste ou officier du KGB.

Tandis qu’elle se lance dans un quête éperdue et dangereuse, les autorités soviétiques effacent consciencieusement les traces physiques du massacre (on regoudronne la place de la tragédie, parce que, comme il fait trop chaud, on est en juin, on n’arrive pas à laver le sang) et psychologiques (on fait signer aux spectateurs et participants à la manifestation une lettre dans laquelle ils s’engagent sous peine de mort à ne rien divulguer de cet événement). Ce n’est qu’en 1992 qu’on lèvera le voile sur cette tragédie.

Décidément, Konchalovsky ne nous épargne aucune ambiguïté, aucun paradoxe, aucun antagonisme à
l’image vraisemblablement de la population soviétique.

«Si on ne peut plus croire au communisme, alors il nous reste quoi ?»

Patricia Renaud pour le Clairon de l’Atax le 23/10/2021

 

* Les russes utilisent beaucoup les diminutifs affectueux pour les prénoms:  Lioudmila devient Liouda et Svetlana, Svetka.

 

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