Olga

Ukraine/ France/ Suisse – 1h27 – 2021

Un film de Elie Grappe avec Nastya Budiashkina, Sabrina Rubisova, Caterina Barloggio – vainqueur du prix SACD* à Cannes (Semaine de la Critique).

 

athlete-image-Markus-Woekel-Pixabay.jpg

L’entre-deux

Olga, gymnaste de 15ans aux barres asymétriques, quitte précipitamment son Ukraine natale pour la Suisse, patrie de son père qu’elle n’a pas connu. Sa mère, journaliste à Kiev veut la protéger des menaces du régime ukrainien pro-russe et lui permettre de préparer le championnat d’Europe en vue des Jeux Olympiques. Olga va vivre la révolution ukrainienne et les émeutes de l’Euromaïden à distance et va craindre pour sa mère qui couvre les événements.

Olga, dont le visage trahit toute l’incertitude et l’angoisse de l’adolescence liés à l’éloignement de sa patrie, est toujours entre-deux, entre deux pays, entre deux régimes, entre deux nationalités, entre deux fidélités.  Son corps est en Suisse et son cœur en Ukraine où sa mère et ses amies vivent des heures difficiles mais exaltantes. Elle voudrait partager ses moments dangereux mais enthousiasmants avec elles. Au lieu de cela, elle vit la compétition et la jalousie entre ses filles toutes tendues vers le but suprême.

Son visage marqué par l’effort mais aussi par le doute (a-t-elle choisi le bon chemin ?) et l’angoisse trahit sa crainte et son déchirement. Les traits tendus, la bouche crispée, les lèvres serrées représentent le masque de la tragédie grecque. Elle se trouve devant un choix cornélien : rester en Suisse pour réaliser ce vers quoi elle tend depuis des années – la sélection aux Jeux Olympiques ou retourner dans son pays vers sa mère et vivre ces heures révolutionnaires qui la rapprocheront de ses amies et exalteront en elle le sentiment patriotique.

N’est-elle pas en train de trahir l’Ukraine ?

Un film d’un jeune réalisateur, Elie Grappe a 27ans, avec des actrices non professionnelles et qui pourtant laisse augurer d’un avenir prometteur.

Patricia Renaud pour le Clairon de l’Atax le 06/01/2022

 

  • La SACD (Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques) soutient, par le biais de son action culturelle cinéma financée par la copie privée, les festivals, qui contribuent à faire découvrir des auteurs, comme la Semaine de la Critique. Le Prix SACD, doté de 5 000 € remis à l’auteur, récompense l’un des sept longs métrages de la compétition. Il est décerné par des cinéastes membres du conseil d’administration de la SACD.
Print Friendly, PDF & Email

Laisser un commentaire