L’affaire Collini (der Fall Collini)

Allemagne – 2h03 – 2019

Un film de Marco Kreuzpaintner  avec Elyas M’barek, Alexandra Maria Lara, Franco Nero.

 

Justice (Image par PublicDomainImages de Pixabay)

Comment défendre Fabrizio Collini qui a assassiné Hans Meyer, l’a sauvagement défiguré  et qui refuse d’expliquer son geste ? Telle est la question que se pose Casper Leinen, jeune avocat commis d’office. En enquêtant pour répondre à cette question, il va découvrir le plus gros scandale juridique de l’histoire allemande.

” Comment définir la justice et la légalité ? Vous avez quatre heures !” Beau sujet de philosophie à soumettre aux élèves de Terminales !. Ce film est tiré du livre de Ferdinand von Schirach, ancien avocat pénaliste. Il a mélangé la fiction et ses expériences professionnelles pour écrire ce premier roman qui va bouleverser la vie législative et politique allemande  dans les années 2010. La parution de ce livre déclenchera la mise en place d’une commission indépendante de réévaluation de certains textes de lois sous l’impulsion de la ministre fédérale de la justice Sabine Leutheusser-Schnarrenberger.

Kreuzpainter décidera d’en faire un film dont le montage est assez classique.

D’abord la présentation du personnage principal: Fabrizio Collini, homme sans histoire, immigré italien, ouvrier dans l’industrie automobile, relativement discret mais qui abat froidement Hans Meyer considéré comme l’un des hommes les plus  “respectés et respectables” de la société allemande.

Ensuite, son attitude, son détachement, son refus de parler même à son avocat, d’énoncer les motifs qui l’ont poussé à agir ainsi, le font apparaitre comme un monstre et poussent les jurés vers un portrait à charge.

Son avocat, jeune diplômé d’origine turque, lié d’une façon indirecte à la victime, et qui subit la condescendance de l’avocat de la partie adverse qui fut aussi son professeur de droit et un ténor du barreau.

Le dénouement de cette affaire est subtilement amené, le mobile du meurtre est révélé et nous comprenons la subtilité de la machinerie juridique. Un texte de loi allemand, sous couvert de donner un nom d’apparence inoffensif à la loi dite « d’introduction aux infractions administratives », eut pour effet de prescrire de facto les crimes perpétrés par des fonctionnaires du régime nazi dans l’exercice de leur fonction. Si la prescription d’actes criminels est totalement légale, elle est toutefois totalement injuste. Si nous avons un devoir de mémoire, il est juste de refuser le principe de prescription.

Le film de Kreuzpainter en fait la démonstration magistrale.

Patricia Renaud pour le Clairon de l’Atax le 20/05/2022

 

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