Nos soleils (Alcarras)

Espagne,Italie – 2h – 2022 – Prix Ours d’Or au festival de Berlin 2022

Un film de Carla Simon avec Jordi Pujol Dolcet, Anna Otin, Xenia Roset.

 

Pêcher (Image par Alicja de Pixabay)

Nous sommes en Catalogne et c’est l’été, la famille Solé passe la saison à ramasser des pêches dans leur exploitation de ce petit village de Catalogne, Alcarras. Mais cette année sera la dernière car le propriétaire veut récupérer ses terres. Il souhaite y installer des panneaux solaires qui rapporteront beaucoup plus que le kilo de pêches payé une misère par les coopératives.

Chacun dans la famille réagit à sa façon.

Tout le film se déroule constamment en présentant un décalage total entre le monde d’hier de la paysannerie, des contrats qui ne se signaient pas mais se concluaient en se serrant la main et le monde de demain, celui des beaux camions blancs qui apportent les panneaux solaires.

La famille va se déchirer sur ce dilemme au milieu des enfants insouciants et intenables qui cumulent leur lot de bêtises, au grand dam de leur père qui n’a pas que cela à faire. Celui qui accuse le coup le plus difficilement est Quimet, le fils ainé, qui se tue à la tâche, ce que son corps exprime violemment.

Le frère de Quimet est prêt à négocier pour travailler à la pose des panneaux solaires, ce qui provoquera une rupture violente au sein de la famille. Les femmes, bien reléguées au rôle de femmes, génitrices s’occupent des enfants, de l’homme et de la maison, mais n’ont pas leur mot à dire face à cet événement choquant. Le grand-père, silencieux, porte la lourde responsabilité de la situation d’aujourd’hui, puisque aucun contrat ne peut justifier de la propriété de ces terres.

Et le film se déroule dans la chaleur de l’été, un peu comme le témoignage d’un temps ancien, “La cueillette  des pêches”, avec les femmes qui racontent les histoires du village, qui radotent un peu, qui médisent des unes et des autres au milieu des cris d’enfants qui jouent et des hommes qui cueillent. Ce film est aussi le témoignage de la situation de la paysannerie, lésée par la grande distribution et laminée par l’inhumanité de gens mercantiles.

Bien qu’il y ait quelques longueurs, on ne peut qu’être ému et touché par la détresse qui s’exprime de façon différente mais toujours avec détermination.

Patricia Renaud pour le Clairon de l’Atax le 15/02/2023

 

 

 

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