Eolien en mer : un état des lieux

Il reste beaucoup à faire à la France pour se hisser dans le peloton de tête des pays équipés en éolien offshore, particulièrement dans le domaine de l’éolien flotant.

Éolienne en mer en cours d’installation (Image par Erich Westendarp de Pixabay)

 

Dans l’éventail des énergies renouvelables disponibles, les éoliennes en mer ouvrent des perspectives très intéressantes pour le France qui dispose d’un domaine maritime favorable à leur développement. Par ailleurs elles semblent en mesure d’apporter une production d’électricité plus régulière et sont réputée plus « acceptables » politiquement que leurs homologues terrestres.
Pourtant les réalisations de l’éolien en mer sont loin d’atteindre les objectifs qui étaient fixés par le gouvernement dans le cadre de la PPE (2019 / 2023), puisque la part de réalisation ne représentait que 20% en 2022.
Dans le domaine de l’éolien flottant, alors que le gouvernement se vantait de devenir un des leaders mondiaux de cette technologie, les 3 lauréats d’un appel d’offres de 2016 pour des projets de fermes pilotes installées en Méditerranées sont bloqués en cours de travaux par un manque de financements. Le dérapage des coûts de ces projets serait dû à la fois au Covid et à l’inflation. Pour le moment l’Etat traîne les pieds pour apporter le soutien financier nécessaire tandis que la gravité de la situation a fait l’objet d’une alerte lancée en avril dernier par 22 sénatrices et sénateurs de l’arc méditerranéen. (1)

La question est de savoir si la France est en mesure de tenir le pari technologique que représente actuellement le développement éolien en mer et particulièrement celui de l’éolien flottant. Il s’agit de mettre en œuvre tout à la fois de nouvelles technologies pour des équipements de plus grande taille, desservis par de nouvelles infrastructures portuaires et de connexion, mais aussi passer de la fabrication de prototypes à la production en série. C’est toute une chaîne de valeur qui reste à bâtir à coup d’investissements aussi importants que réguliers.

Ou trouver les milliards nécessaires au développement de la filière en mer ?

Le prix à payer pour atteindre une taille adéquate à la rentabilisation de cette filière, c’est-à-dire produire une électricité compétitive, implique des investissements massifs. Pour attirer et mobiliser des investisseurs privés, il faut nécessairement mettre en place des conditions d’une prise de risque ″supportables″. Cela implique un fort engagement financier de l’État, tant en matière de R&D (2), qu’en co-financement des projets et en garantie du prix de rachat de l’électricité.
A cela s’ajoute la garantie d’un cadre règlementaire stable, ce qui implique et le politique et l’administratif.

Il s’agit aujourd’hui pour l’Etat de sauter le pas et de passer de la phase prototype à celle de l’industrialisation, cela implique de partager les risques…beaucoup reste à faire.

Éoliennes en mer ″posées″ et éoliennes ″flottantes″

Les éoliennes posées sont fixées sur le plancher marin selon divers dispositifs de fondations. Cette technologie est éprouvée : elle la plus employée dans le monde. Ces éoliennes sont en l’état actuel les moins chères à construire. Elles sont adaptées pour des profondeurs ne dépassant pas 50 à 60 mètres et implantées généralement entre 10 et 20 km des côtes.

Les éoliennes flottantes sont installées sur des flotteurs maintenus en position fixe par des ancrages à des profondeurs qui peuvent aller jusqu’à 200 m voire plus. Elles sont plus coûteuses à produire car cette technologie est encore en développement. Leur avantage est de d’être positionnées plus loin des côtes et de bénéficier de vents plus favorables en force et régularité.
Actuellement cette technologie nouvelle est testée dans des fermes pilotes

L’éolien en mer en France (juin 2024)

(Tableau HR)

A titre de comparaison :
10,8 GW d’éolien offshore étaient installés dans le monde fin 2023 réalisant une progression de +24% par rapport à 2022. Cette progression est tirée par la Chine (+ 6,3 GW en 2023) qui représente 58% des nouvelles capacités dans le monde tandis que l’Europe disposait de 3,8 GW installés à fin 2023.

Répartition et état d’avancement des parcs éoliens en France (juin 2024)

(Tableau HR)

A l’heure actuelle aucune ferme d’éoliennes flottantes n’est en service en France. La première mise en service  de la ferme pilote “Provence Grand Large” (Saint Louis du Rhône est prévue pour fin 2024 si les difficultés de financement sont résolues.

A titre de comparaison l’éolien flotant représente :
Installé et en service dans le monde: 200 MW dont 95 MW en Norvège et 78 MW au Royaume-Uni
En projet en Europe à l’horizon 2030: 10,4 GW répartis entre le Portugal, la Norvège et l’Écosse….

Il reste beaucoup à faire à la France pour se hisser dans le peloton de tête des pays équipés en éolien offshore, particulièrement dans le domaine de l’éolien flottant. Un tel objectif implique une invention forte de l’État car le passage à une industrialisation de la filière éolien flottant n’est encore pas encore assuré. Cela suppose l’existence d’une volonté politique cohérente et continue, d’une organisation règlementaire bien ajustée et surtout d’un soutien financier conséquent pour rendre le risque supportable pour les investisseurs.

La question est de savoir si la France a dans le contexte actuel, les moyens de supporter ″en même temps″ la relance du nucléaire et le soutien au dévelopement des énergies renouvelables.

 

Curly Mac Toole et HR le 219/06/2024 pour le Clairon de l’atax

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Notes
  1. https://le-clairon-nouveau.fr/wordpress/blog/2024/05/23/eolien-flottant-en-mer-des-menaces-pour-le-developpement-de-port-la-nouvelle/[]
  2. Recherche et développement[]
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