1975-2025 : la ZAD de Marckolsheim fête ses 50 ans

Souvenirs ! souvenirs ! Alsace nature a organisé le 15 février dernier une « balade commémorative » sur le site de Marckolsheim où une mobilisation de 5 mois à abouti à l’annulation en février 1975 d’un projet d’usine de plomb.

Souvenirs d’une militante écologiste…

Rassemblement (photo 1975  JJ.O.)

50 ans déjà ! …. Voici, résumée, l’histoire d’une des premières ZAD

– mars 1974 : le Préfet annonce aux élus l’implantation d’une usine chimique CWM (Chemische Werke München) de production de stéarate de plomb dans la zone portuaire de Marckolsheim, commune riveraine du Rhin située au cœur de l’Alsace, à peu de distance de villes de Sélestat et Colmar.  Le stéarate de plomb a de nombreuses applications industrielles (fabrication du PVc, composant de peintures, lubrifiant, démoulage, crayons, etc.

– avril 1974 : création du GISEM (Groupement d’information et de sauvegarde des environs de Marckolsheim). On découvre que les usines de stéarate de plomb sont réputées polluantes et dangereuses pour le personnel qui y travaille et pour les populations environnantes en raison d’émissions aériennes de fumées et de poussières mais aussi par les déchets produits.
Les effets potentiels sur la santé des personnes exposées sont multiples : aigus (anémie, troubles digestifs) et chroniques (atteintes du système nerveux) ; maladies cardiovasculaires, atteintes rénales, effets reprotoxiques, cancers…Mais il y a aussi la pollutions des sols et des milieux aquatiques qui créent une pollution sur le long terme…

– juillet 1974 : 2000 personnes manifestent à Marckolsheim. Les Allemands y participent activement. Cette contestation massive menée par les écologistes, les agriculteurs, les habitants et les élus est considérée comme un des premiers combats écologistes

– septembre 1974 : la militante écologiste, pacifiste et future député européenne, Solange Fernex se dresse devant les machines du chantier avec ses enfants

occupation (photo 1975 JJ.O.)

Occupation du site : des centaines de gens vont se succéder. Mobilisation durant 5 mois

fin février 1975 : l’État annonce l’interdiction de construction de l’usine

– 1976 : l’obligation de faire une étude d’impact avant tout projet industriel est inscrite dans la loi

Cette lutte sera suivie par celle contre le projet de de construction d’une centrale nucléaire à Wyhl-am- Rhein, rive allemande du Rhin ; Opposition immédiate des étudiants, vignerons, agriculteurs avec occupation du site et intervention violente des forces de l’ordre pour l’évacuation des très nombreux militants.

Le combat paye, puisque le projet de centrale nucléaire est abandonné en 1977

Photo JJ.O.

Un autre projet de construction de centrale nucléaire à Gerstheim fait l’objet d’une opposition par les militants anti-nucléaires, avec occupation du site empêchant le démarrage des travaux.

Ce projet est aussi abandonné

Mais à proximité, la centrale nucléaire de Fessenheim est mise en service en 1978. Elle comporte 2 réacteurs à eau pressurisée. La contestation est pérenne et rassemble les opposants français, allemands et suisses, au-delà des frontières. Cette centrale est construite en zone sismique et en bordure du Grand canal d’Alsace.

Le militantisme anti-nucléaire sera payant, puisque la fermeture de cette centrale est annoncée sous François Hollande et confirmée sous E. Macron
Le 1er réacteur est arrêté le 22/02/2020 et le second le 29/06/2020, après 42 années d’exploitation.
Reste le démantèlement des réacteurs qui devrait débuter en 2026 et s’étendre sur une période de 15 à 20 ans. Parallèlement est à l’étude la création d’un technocentre dédié au recyclage des métaux très faiblement radioactifs prévu pour 2031.

Pourquoi a-t-il été possible à l’époque d’ empêcher ces projets industriels, mais aussi par la suite d’obtenir la fermeture de Fessenheim ? La population alsacienne est-elle plus sensible à la protection de l’environnement ? Le voisinage du pays de Bade et de la Suisse  mobilisés sur les question écologiques nous a apporté un soutien déterminé, qui a certainement pesé sur les décisions de l’État français.

Catherine Burger pour le Clairon de l’Atax le 21/02/2025

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