Narbonne trouble, dans une agglo trouble

Muridé dégustant un fromage (Image par OpenClipart-Vectors de Pixabay)

Le 17 mai 2021, le tribunal administratif de Montpellier a confirmé le caractère frauduleux au titre du code électoral d’un montage juridique mis en place par Didier Mouly pour financer sa réélection à la mairie de Narbonne en 2020. Après une campagne axée sur ses compétences alléguées de gestionnaire, cette annonce n’a pas manqué de susciter des réactions. Ce manquement porte sur un montant évalué à 4800 euros, jugé significatif par la commission nationale des comptes de campagne. Le montage incluait également un dispositif pour bénéficier de manière indue d’exonérations de charges sociales.

Didier Mouly n’a pas été déclaré inéligible par le tribunal. Dans l’agglomération du Grand Narbonne, la comparaison avec Gérard Schivardi, déclaré inéligible et démis de son mandat de conseiller général pour 220 euros en 2009 s’impose. Le fondement juridique de ces décisions est différent et nous ne le commenterons pas ici. Cependant, dans une démocratie en souffrance où le taux d’abstention bat des records à chaque élection, le signal est malvenu. L’exigence de probité des élus devrait être absolue. Sans doute le tribunal a-t-il considéré favorablement l’annonce de Didier Mouly de ne pas se présenter au élections départementales de juin 2021. On ne peut que spéculer sur la stratégie de défense qui a conduit à ce jugement et constater l’efficacité des techniques de l’intéressé.

Didier Mouly est devenu président de l’agglomération du Grand Narbonne le 15 juillet 2020 après un spectaculaire renversement d’alliance. Lors du mandat précédent, une entente entre élus des autres communes avait confié ce poste stratégique à Jacques Bascou, son opposant. Les équilibres n’ayant pas changé il semblait convenu que l’histoire se répète et que cette fonction lui échappe à nouveau. Mais en jouant habilement sur l’inimitié entre Yves Bastié, maire de Sallèles, et Christian Lapalu, maire de Ventenac, Didier Mouly manipula ce dernier pour qu’il tourne le dos à ses propres amis. Il a suffi en effet de permettre, dans la chaleur de ce début d’été, une réunion à Sallèles avec Didier Codorniou, maire de Gruissan et prétendant au poste, pour provoquer la fureur du bouillant édile évincé.

Depuis quelques années, l’appartenance politique des élus du Narbonnais est brouillée. Les électeurs sont sans repères face à une équation dont ils ne connaissent pas les paramètres. Les alliances se font et se défont au grès des querelles personnelles, très loin de tout débat d’idée. Les démêlés judiciaires de Didier Mouly et la clémence du juge administratif à son égard ne font qu’alimenter encore plus un rejet de la classe politique locale. L’abstention s’envole. Dans l’isoloir, les électeurs privés d’espoir choisissent la colère.

Christian Lapalu a été généreusement récompensé en devenant second vice-président de l’agglomération. Il serait difficile de soutenir que ce choix fut guidé par l’intérêt du Sud Minervois tant le canton aurait joué un rôle de pivot quel que soit l’exécutif constitué. Au contraire, initier une nouvelle dissidence dans un territoire qui s’apaisait enfin est regrettable. L’explication la plus simple est qu’il n’a pas réfléchi de cette manière, obnubilé par son duel éternel.  Et c’est ce duel qu’il semble vouloir poursuivre seul en se présentant aux élections départementales du 20 juin 2021. Nous avons besoin de renouvellement.

Cet épisode révèle aussi en creux que l’acteur clé de l’unité fut très vraisemblablement Dominique Godefroid, élue conseillère départementale du canton du Sud Minervois en 2015. Modeste et assidue, privilégiant le travail de fond, elle fut souvent éclipsée par le flamboyant élu ventenacois dont la maîtrise des dossiers était plus superficielle. En 1983, Françoise Giroud disait « La femme serait vraiment l’égale de l’homme le jour où, à un poste important, on désignerait une femme incompétente. » Cette révolution n’a pas encore eu lieu dans le Sud Minervois.

Laurent Fabas pour le Clairon de l’Atax le 21/05/2021

 

 

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1 commentaire

Quel marigot , quel marécage où grouillent des élus qui n’ont plus guère le sens du SERVICE PUBLIC.
Vite, un grand coup de balai !

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