La Chambre de Mariana

France, Belgique, Hongrie, Israël, Portugal – 2h11 – 2025

Un film d’Emmanuel Finkiel avec Mélanie Thierry, Artem Kyryk, Julia Goldberg. Adaptation du roman d’Aharon Appelfeld.

 

Petit garçon caché (Image par Pexels de Pixabay)

1943, une femme et un petit garçon circulent dans les miasmes des égouts d’une ville d’Ukraine.
C’est la mère d’Hugo qui tente de fuir le ghetto et les rafles et de mettre son fils à l’abri chez une amie prostituée, Mariana. Et voilà Hugo (12ans) propulsé dans un placard d’une chambre d’un bordel où il va vivre caché pendant plusieurs mois. Il faut non seulement se cacher des Allemands mais aussi des habitants de la maison, terrorisés qui ne veulent pas mettre leur vie en danger pour un « petit juif ».

La vie d’Hugo se situe au niveau du plancher où il rampe de temps en temps quand sa charmante geôlière lui donne l’autorisation de sortir de son « terrier ». Le reste du temps, tous ses sens en éveil, il restera à l’affût des bruits et de la mince ouverture sur le monde à travers les planches disjointes. De temps en temps, l’exubérante Mariana  l’entrainera dans un tourbillon de couleurs, de musique et de rires. Parce que Mariana est joyeuse, elle se soule d’alcool mais aussi de fous rires, elle est vibrante de plaisir. Le temps passera, Hugo grandira et avec l’âge viendront les premiers émois, la jalousie et l’attirance trouble et floue du corps de la femme.

Emmanuel Finkiel s’est repenché avec délicatesse sur la Shoah. Il aborde ce sujet par un autre point de vue original: le regard d’un enfant caché sur l’horreur et sa peur, le déni de la réalité quand il se réfugie dans les souvenirs de sa famille et qu’il espère que tout redeviendra comme avant ….un jour. Le film est porté avec succès par ces deux personnages, Hugo et Mariana, l’un taiseux, silencieux, timide, tous les sens exacerbés par le manque  d’amplitude du regard et l’absence  de mouvement, l’autre extravertie, maternante, joyeuse ou pleureuse dans sa soulographie mais bluffante, Mélanie Thierry, qui s’essaie à la langue ukrainienne pour être, j’imagine, dans le ton.

Patricia Renaud pour le Clairon de l’Atax le 20/05/2025

Laisser un commentaire