Au ciné : Emilia Perez

France, Mexique, U.S.A.  – 2h10 – 2024 – Prix du Jury et Prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes 2024.

Un film de Jacques Audiard avec Zoe Saldana, Karla Sofia Gascon, Selena Gomez

 

Crane symbole mexicain (Image par Coombesy de Pixabay)

“Magistral”

Nous sommes au Mexique et Rita, jeune avocate, talentueuse gaspille ses compétences au service d’un cabinet d’avocats plutôt du côté des criminels que de la justice. Alors quand le chef de cartel,

Manitas lui demande de lui trouver un chirurgien  hors pair capable de le transformer en femme, Rita va accepter et devenir riche.

Une comédie musicale en dehors de tout standard, étonnante, époustouflante, émouvante, elle nous captive tout au long de ces 2h10. Le sujet est sensible et contemporain, il est traité avec finesse et paradoxe.

Nous voyons un chef de cartel dans toute sa splendeur horrifique : denture argentée, visage couturé, voix caverneuse, le tableau est complet. Audiard réussit le tour de force que l’on croit à cette métamorphose. Nous voilà embarqué(e)s dans la grande aventure.

Les dialogues s’enchaînent avec les chorégraphies et cela avec harmonie.  Autour de ce sujet délicat, Audiard force à la réflexion: changer de genre, un parcours du combattant, douloureux, incertain, bouleversant. Et tout cela dans une atmosphère de fête. Change-t-on de nature en changeant de genre ? Il semblerait, puisque c’est un parcours rédemptionnel qu’entame Manitas devenu Emilia, qui va rechercher les corps des victimes des cartels de drogue et donc de ses propres victimes, afin de les rendre aux familles qui désespèrent de retrouver leurs disparus.

Mais sous l’apparence, il reste quelque chose de la bestialité de Manitas et c’est le déchainement d’une violence que l’on attend tout au long du film.

C’est une hymne aux femmes, à toutes les femmes. Et ces quatre femmes chacune à leur manière revendiquent l’autonomie et l’indépendance dans un milieu macho, violent, destructeur.

Audiard nous a encore, en sortant des sentiers battus, étonné(e)s, subjugué(e)s, déstabilisé(e)s.

Patricia Renaud pour le Clairon de l’Atax le 08/09/2024

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