Le nucléaire : une énergie pilotable…Vraiment ?

En cette fin d'année et de fêtes, on peut aussi parler d'un ton un peu badin de la situation du nucléaire et de l'aberration de sa relance par E.Macron

Éoliennes et centrale nucléaire (Image par Markus Distelrath de-Pixabay)

Après 17 ans de chantier et 12 ans de retard sur la date prévue pour son démarrage, l’EPR de Flamanville vient d’être enfin raccordé au réseau électrique, le matin du samedi 21 décembre 2024 ! Passons sur les péripéties qui ont émaillé la vie de son chantier, les erreurs de design du réacteur, les malfaçons, les erreurs humaines, etc…Après tout, selon ses promoteurs et ses « groupies », il s’agissait d’un prototype et c’était donc normal d’être confronté à des dysfonctionnements… Et maintenant en route pour la construction de 6 nouveaux EPR2, en attendant d’en lancer 8 autres. C’est là le plan de relance du nucléaire décrété par notre président Macron en 2022, alors qu’il faisait campagne pour sa réélection. Selon leurs supporters, les futurs « EPR 2 » sont censés ne pas connaître les mêmes problèmes que le 1puisqu’ils bénéficieront de l’expérience du prototype qu’a été l’EPR 1 de Flamanville…

Mais voilà : ce « prototype » ne l’est pas tellement, puisque d’autres « prototypes » sont déjà en fonctionnement : 2 en Chine à Taishan, raccordés au réseau en 2018 et 2019 et 1 en Finlande à Olkiluoto, raccordé en 2023. Ces EPR qui ont précédé Flamanville ont connu les mêmes vicissitudes, retards, malfaçons, dérapages financiers, etc. Tous ces réacteurs sont de conception et d’ingénierie française… et voici que 2 autres EPR, encore en chantier sur le site britannique d’Hinkley Point, connaissent eux aussi les mêmes problèmes.

Il faut face aux « éléments de langage » employés par les pronucléaires, faire un peu de sémantique : traditionnellement le prototype est le premier exemplaire d’un objet en développement. Il sert à vérifier le bien fondé des choix techniques, à tester la pertinence du processus de sa fabrication, à observer son fonctionnement et les réactions que ce fonctionnement entraîne. L’EPR de Flamanville a donc bénéficié de l’expérience de 4 « prototypes » qui l’ont précédé : mais alors comment a-t ’il pu y avoir encore des problèmes compte tenu de toute cette expérience acquise ?

Autre élément de langage problématique : « le nucléaire est une énergie pilotable »… cela signifie en langage courant que l’humain peut en disposer à volonté, n’importe quand (contrairement aux énergies renouvelables qui dépendent des caprices de la nature).
Mais alors les EPR ne sont pas pilotables puisqu’ils tombent en panne ?! C’est ce qui est déjà arrivé aux 3 EPR en fonctionnement.

Lorsque les énergies renouvelables non pilotables viennent au secours des énergies pilotables…

La centrale d’Olkiluoto en Finlande comprend 2 réacteurs « classiques » et un réacteur EPR qui est le plus puissant d’Europe (1650 MW installés) .  L’EPR est tombé en panne en octobre et novembre 2024. Cette panne a duré du 17 au 21 novembre, elle a fait chuter la production d’électricité nucléaire de 4200 MW à 2000 MW. Impactant la consommation et les prix en raison d’une augmentation d’usage du gaz dans la production électrique en remplacement de l’atome défaillant. C’est alors que le 20 novembre une tempête a triplé la production d’énergie éolienne pour s’établir autour de 7 GW alors que la consommation totale était de 10 GW ! Le 22 novembre l’EPR a repris sa production au niveau habituel de 4,2 GW.

On a parfois besoin d’un plus petit que soi, bien plus facile à financer, à installer, et à faire fonctionner…

Curly Mac Toole pour le Clairon de l’Atax le 14 /12/2024

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